300 films à son actif couronnés par 28 prix, la création d’une radio et d’une TV internes ! Alors qu’il se prépare à faire valoir ses droits à la retraite, Philippe Minster, infirmier, entré au service de chirurgie générale du CHR d’Orléans en 1976, quitte l’établissement en mars 2015 avec le titre de responsable du service audiovisuel. Retour sur un parcours hors du commun dont les étapes clés se confondent avec la grande histoire de l’institution.
« Dans les années 1970, alors que j’exerçais en tant que soignant, j’ai découvert les difficultés rencontrées par les médecins qui devaient intervenir en conférence et voulaient illustrer leurs interventions par des diapositives. Je les voyais s’escrimer à cette tâche chronophage, composer textes blanc sur fond bleu et réaliser des prises de vue compliquées. Féru de photographie et de vidéo, j’ai tout de suite voulu les aider pour qu’ils puissent passer davantage de temps aux côtés de leurs malades et mieux valoriser leur activité » confie Philippe Minster. « Avec les kinés, infirmiers, aides-soignants et médecins du service de chirurgie où j’exerçais comme IDE, nous avons monté une association afin d’acquérir les premiers outils, caméscope et magnétoscope. C’est à cette époque que j’ai signé mes premières productions (cathétérisme vésicale, surdité de l’enfant…) ».
La passion de Philippe Minster pour l’audiovisuel n’a pu se transformer en temps plein qu’en 1988. Date de lancement de la 1ère journée Innovations du CHR. Une grande messe biennale qui offrait un panorama unique des progrès et avancées thérapeutiques proposées par les équipes des différentes unités. Pour favoriser la cohésion des équipes, la reconnaissance et développer la culture de l’établissement, tous avaient la possibilité de montrer le meilleur de leurs pratiques : de l’ouvrier au chef de service, du technicien à l’infirmière.
D’abord organisée dans une salle de 300 places, l’événement devint si populaire que la salle du Zénith d’Orléans fût nécessaire pour accueillir les 1 200 hospitaliers venus apprécier le travail de leurs collègues. Cette manifestation pas très bien perçue au départ par les cadres qui craignaient la mainmise de la direction a connu un plein succès et pas moins de onze éditions. Une réussite que Philippe Minster a toujours voulu partager avec son directeur Bernard Baurrier et la responsable de la communication en poste à ce moment-là Claudine Martinez. Il faut dire que la préparation de chacune de ses journées occupait 6 mois de leur temps !
Avec les journées Innovations, le CHR entrait dans la communication à grande échelle avec des supports modernes.
« J’ai eu la chance de bénéficier de la confiance de l’institution et d’une grande autonomie, indispensable à la création. A mon entrée je suivais l’actualité de l’institution en lisant le journal interne. Aujourd’hui je la mets en scène ! » s’amuse Philippe Minster.
Philppe Minster et son assistant en tournage dans les couloirs du CHR
Son leitmotiv : « faire au lieu de faire faire ». Au départ, l’audiovisuel du CHR d’Orléans se limitait à un ou deux films financés par les laboratoires. Ensuite sous la direction générale de Monsieur Jean-Paul Guérin, leur nombre a vite explosé à 12 par an. Un exemple, le film sur l’endocurithérapie de prostate réalisé en 1991, avec le radiothérapeute, le radiophysicien et l’urologue, a fait le tour de France des universités. Et on le retrouve encore sur Internet (Canal U Médecine)
https://www.canal-u.tv/video/canal_u_medecine/endocurietherapie_de_prostate.2926
Parallèlement Philippe Minster s’est aussi passionné pour l’histoire multiséculaire de la maison, avec un guide exceptionnel, l’abbé Louis Gaillard, aumônier et historien du CHR.
Depuis 2011, changement de décor et immersion dans le futur. Philippe Minster devient Reporter-chantier et suit un événement majeur. Jour après jour, semaine après semaine, il rend compte de la progression d’un des plus gros chantiers hospitaliers de France Le gigantisme de ce chantier le saisit chaque fois qu’il en capture l’évolution. »Il y a eu des périodes où 1 000 ouvriers s’affairaient sur le site ; 11 grues manœuvraient des charges inouïes. Difficile de saisir cette immensité de béton. Ici, on a osé l’impossible ! Ce que j’ai vu m’a laissé admiratif et enthousiaste : des façades colorées, 1 000 panneaux de verre différents, des promenades qui s’étendent autour des bâtiments… Je suis même monté à 65m au-dessus de la cabine du grutier pour une prise de vue à couper le souffle. Au départ j’avais du mal à croire que l’on puisse regrouper les anciennes structures en un seul site ultra moderne. Maintenant je suis fier d’avoir suivi l’édification de ce site monumental. »
Philippe Minster a vécu le passage de l’analogique au numérique, de la communication programmée, planifiée calmement depuis un bureau à une communication réactive quasiment en temps réel. « Il a fallu changer notre façon de produire, de diffuser. Une image vaut 1 000 mots et la vidéo est plus que jamais un vecteur efficace ! A cette nuance près que nous n’avons plus besoin de lancer de grandes productions. Quelques plans parfois suffisent. Par exemple la semaine dernière le Président de la CME m’a demandé d’assister un médecin-chercheur qui travaille à un médicament pour les autistes. Il candidate pour obtenir un financement important et devait envoyer une vidéo d’1mn 30 au jury. Il avait 72h00 pour le faire. Et nous avons pu relever le défi. Autre exemple. Pour un plateau France3 sur le thème « On a retrouvé la mémoire » avec l’ancien président de la CME comme invité, la chaine avait besoin d’un accompagnement, d’un facilitateur, pour tourner au sein des services.
La diffusion des vidéos a également évolué et pris de l’ampleur : site internet, YouTube…Par exemple nous avons mis sous YOUTUBE en 2013 « A la découverte de la maternité » avec un lien sur notre site internet et depuis elle a enregistré 20 000 vues. Les futures mères apprécient de voir où elles vont accoucher. Elles reconnaissent les soignants qui vont s’occuper d’elles, elles sont au fait des techniques déployées…
Et le responsable du service audiovisuel d’Orléans a bien d’autres motifs de satisfaction : La gestion interne du parc de 1 200 télévisions permet à l’établissement de proposer HTV, une chaîne interne avec un programme adapté aux patients ; l’initiative a été appréciée par un partenaire de poids, Canal + qui depuis des années soutient cette télévision hospitalière et offre gracieusement l’accès aux chaines de reportages et dessins animés. Un partenariat d’autant plus vivant que les équipes de Canal+ se déplacent au chevet des enfants hospitalisés et viennent leur distribuer des goodies à l’époque de Noël.
C’est également Philippe Minster qui a fondé FMR, la radio éphémère du CHR qui diffuse à Noël et pour la fête de la musique. L’antenne célébrait son 30ème anniversaire en décembre 2015.
Alors pas de regret mais une pointe d’inquiétude sur le devenir du service désormais tenu par une seule personne. Ce dernier devra répondre à des besoins variés et nombreux en termes de communication médicale, pédagogique, institutionnelle, d’animation, d’information du patient. Comment continuer à soutenir l’image de l’institution, à valoriser et reconnaitre le travail des médecins, sans moyens ?
Quelques interrogations donc mais au final, la satisfaction d’avoir vécu la grande époque de la communication institutionnelle et d’assister à l’essor de la nouvelle communication en ligne plus directe, plus immédiate et émotionnelle… L’avènement de la communication visuelle avec des images qui se partagent et se diffusent à la vitesse de la lumière.
Marie-Georges Fayn
Face à l’explosion des demandes de PMA, les CECOS dans l’inquiétude
Depuis la promulgation de la loi de bioéthique il y trois ans, les demandes d’aide à la procréation médicalisée ont explosé. En face de cette dynamique, le nombre de donneurs de spermatozoïdes, lui, est en baisse. Un constat aussi valable pour le don d’ovocytes et qui inquiète les professionnels des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain. Ces derniers n’ont que quelques mois pour reconstituer leurs banques de gamètes, désormais régies par la levée de l’anonymat des donneurs. Reportage au CHRU de Tours.