L’espérance de vie des patientes présentant une pathologie cancéreuse a considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Le traitement de la maladie initiale est efficace, mais il altère la fertilité des patientes et peut conduire à la stérilité. A titre préventif, le tissu ovarien peut être prélevé, congelé et stocké dans l’azote liquide à -196°C ; puis réimplanté chez la patiente qui, une fois guérie, émet le souhait d’une grossesse. Cette technique de congélation du tissu ovarien puis d’autogreffe a déjà permis l’obtention de plusieurs naissances (25 publiées dans la littérature scientifique internationale à ce jour). La première naissance en France a été obtenue au CHRU de Besançon, en 2009, en collaboration avec le CHU de Limoges.
Depuis, quatre autres bébés sont nés en France grâce à ce processus. Dans certaines pathologies cancéreuses, l’autogreffe présente cependant un risque de réintroduction dans l’organisme de la patiente, par le biais du greffon, de cellules malignes ayant pu coloniser le tissu avant son prélèvement et sa conservation.
Dès 2009, le groupe de recherche en reproduction de l’unité Inserm UMR 1098 (Besançon) a développé des techniques de détection de la maladie résiduelle en adaptant à l’ovaire des techniques de cytométrie en flux multicouleurs et de biologie moléculaire. Ces techniques ont été mises au point pour les leucémies aiguës lymphoblastiques puis pour les leucémies aiguës myéloïdes, en collaboration avec le laboratoire d’immunologie de l’EFS Bourgogne – Franche-Comté et la plateforme de biomonitoring intégrée au centre d’investigation clinique CIC1431 du CHRU de Besançon.
La technique de détection par cytométrie en flux, ainsi validée pour le tissu ovarien, est extrêmement sensible, puisqu’elle permet de repérer 1 cellule cancéreuse parmi 100 000 cellules ovariennes et de distinguer les cellules leucémiques vivantes des cellules leucémiques mortes.
L’équipe bisontine propose la détection des cellules cancéreuses dans le tissu ovarien en cas de leucémie aiguë. Le résultat de cette analyse constitue un élément contributif essentiel à l’évaluation de l’innocuité de la greffe.
Ces travaux sont réalisés dans le cadre du protocole de recherche multicentrique DATOR (Développement de l’Autogreffe du Tissu Ovarien dans le but de Restaurer la fonction ovarienne) : projet financé par le GIRCI Est* au titre de l’appel à projets « jeunes chercheurs » 2012, piloté par le CHRU de Besançon, et dont l’investigateur principal est le Docteur Clotilde Amiot. L’objectif principal de ce protocole est de permettre la réalisation des greffes de tissu ovarien dans les 14 CHU participant en France.
*Groupement interrégional de recherche clinique et d’innovation Est.
Pour préserver sa fertilité, on lui déplace l’utérus au niveau du nombril
Dans le cadre de la prise en charge d’une patiente atteinte d’un sarcome d’Ewing au niveau de la cloison recto-vaginale, le Pr Cherif Akladios, chef du pôle de gynécologie, obstétrique et fertilité aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, a réalisé un geste spectaculaire et inédit en France. En déplaçant son utérus au niveau de son ombilic, le chirurgien et son équipe ont sans doute permis à la jeune femme de préserver sa fertilité.