Elle souligne également le manque de connaissance des différents types de douleur. Un état des lieux sans concession qui se prolonge aujourd’hui par une démarche structurée d’amélioration de la lutte contre la douleur : sensibilisation et formation du personnel, identification de postes de médecins et d’infirmières référents-douleur, intégration d’une courbe d’évaluation de la douleur au dossier de soins?
(voir article Bordeaux ? le traitement de la douleur au quotidien – novembre 2000)
Patients, médecins et infirmiers ont été interrogés
L’enquête a été lancée par le Comité de Lutte contre la Douleur (CLUD) auprès de 2260 patients volontaires*, accueillis dans les 56 unités de médecine, de chirurgie, d’obstétrique, de gériatrie et de pédiatrie des groupes hospitaliers Saint-André, Sud et Pellegrin entre mai 1999 et février 2000. Parmi les soignants, 203 médecins, 286 infirmières, 28 puéricultrices et 9 sages-femmes ont été interrogés.
L’étude a bénéficié du soutien du Comité de coordination de l’évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine (CCECQA).
Des douleurs aiguës
Pour les deux-tiers des patients douloureux au moment de l’enquête, il s’agit de douleurs aiguës. 20% des patients déclarent que leurs douleurs causent une gêne majeure sur leur moral et sur leur sommeil. Les moments les plus douloureux sont la nuit et la survenue d’un événement intercurrent tel qu’une mobilisation, la réalisation de soins?
Plus de la moitié des patients traités jugent que le délai maximum entre leur demande de traitement antalgique et son administration a été inférieur à 15 minutes.
Des moyens d’information et d’évaluation insuffisants
Près de 90% des médecins et des infirmières déclarent informer leurs patients sur la douleur et la quasi-totalité les encourager à signaler leurs douleurs. Mais seulement 15% des services disposent d’une plaquette d’information sur le sujet.
Dans les services, l’information sur la douleur est transmise de façon écrite et orale, le plus souvent uniquement sur les feuilles de transmission (76,2%) ou sur un document spécifique (11,5%), parfois les deux (4,5%). La majorité des médecins prend connaissance de la douleur en lisant les transmissions des infirmiers.
La réglette (ou EVA) est quasiment le seul outil d’évaluation. Un peu moins de la moitié des médecins et des infirmiers en possède une personnellement. Deux services sur trois ne disposent d’aucun protocole écrit de prise en charge de la douleur. Près de 60% des médecins déclarent que leur formation ne leur permet pas de traiter la douleur de tous leurs patients et seulement 26% des médecins et 18% des infirmiers ont reçu une formation continue sur le sujet.
Identification et traitement des patients douloureux
Toutes disciplines confondues, 30% des patients douloureux sont identifiés à la fois par les médecins et les infirmiers alors qu’en pédiatrie le taux d’identification commune médecins/infirmiers s’élève à 50%.
La proportion de patients douloureux traités est d’environ 65% en médecine et obstétrique et 80% en chirurgie. Pour les patients ne pouvant pas s’auto évaluer, ces chiffres tombent à 43% en médecine et 66% en chirurgie.
Parmi les patients douloureux, 15% ont une excellente opinion de leur prise en charge générale, 75% une bonne opinion et 10% une mauvaise.