Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Traitement d’une maladie génétique par des médicaments anti-SIDA

Une étude pilotée par une équipe de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP et du centre d’investigation clinique de l’AP-HP, et de l’unité Inserm 1163 « Laboratoire de Neurogénétique et Neuroinflammation » à l’Institut Imagine, en collaboration notamment avec des équipes de l’université de Manchester et d’Edimbourg, a démontré qu’un traitement antirétroviral, permettait de diminuer les perturbations biologiques spécifiques observées dans la maladie d’Aicardi-Goutières.

Une étude pilotée par une équipe de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP et du centre d’investigation clinique de l’AP-HP, et de l’unité Inserm 1163 « Laboratoire de Neurogénétique et Neuroinflammation » à l’Institut Imagine, en collaboration notamment avec des équipes de  l’université de Manchester et d’Edimbourg, a démontré qu’un traitement antirétroviral, permettait de diminuer les perturbations biologiques spécifiques observées dans  la maladie d’Aicardi-Goutières. 
Le syndrome d’Aicardi-Goutières est une maladie génétique rare entraînant des troubles neurologiques sévères identifiée à l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP il y a une trentaine d’années. Plusieurs mutations génétiques peuvent être à l’origine de cette maladie associée à une hyperproduction d’interféron α, dont la toxicité sur les cellules du cerveau est reconnue. L’une des hypothèses retenues serait que des fragments d’ADN naturellement produits par des rétrovirus endogènes ancestraux, intégrés dans notre génome, seraient insuffisamment dégradés. Or leur présence en excès déclencherait la production d’interféron α par la cellule, phénomène naturel ici dérégulé.  
Ce phénomène biologique présente de fortes similitudes avec l’activité dite de « rétro-transcription » du rétrovirus VIH-SIDA, lui aussi capable de transformer son ARN en ADN avant de s’intégrer dans l’ADN de la cellule qu’il infecte.

Les Prs Yannick Crow et Stéphane Blanche à l’honneur

Cette similarité a conduit une équipe de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP et du centre d’investigation clinique de l’AP-HP, de l’unité Inserm 1163 « Laboratoire de Neurogénétique et Neuroinflammation » à l’Institut Imagine, de  l’université de Manchester et d’Edinburgh menées par les Prs Yannick Crow et Stéphane Blanche, à mener un protocole original de traitement pendant un an de huit patients atteints d’Aicardi-Goutières à un stade avancé, par des médicaments* anti VIH-SIDA. Le but était de diminuer l’activité de rétro-transcription naturelle des rétrovirus endogènes et d’atténuer ainsi la production d’interféron α à l’origine du développement de la maladie. L’expérience large et ancienne de ces médicaments chez les enfants atteints de VIH-SIDA permettait de réaliser cette étude dans les conditions de sécurité requises. 
Plusieurs paramètres biologiques avant, pendant et après traitement, ont démontré que la production excessive d’interféron α était effectivement diminuée. Même si ce traitement ne permet pas d’espérer une guérison de la maladie à un stade avancé, les résultats biologiques obtenus donnent l’espoir qu’un traitement plus précoce, éventuellement associé à d’autres médicaments anti-interféron α, permettrait un contrôle de la maladie à un stade avancé et éviterait les conséquences neurologiques de l’hyper production de l’interféron α.  
Cette étude montre aussi comment la recherche et la connaissance physiopathologique d’une maladie peuvent amener à la mise au point de traitements ciblés, y compris à l’utilisation inattendue de molécules anciennes et/ou destinées initialement à un tout autre usage.
* Médicaments de la classe des inhibiteurs de la reverse transcriptase en triple association (zidovudine – lamivudine – abacavir).
Sources :  Dirigés par les Prs Stéphane Blanche et Yannick Crow, ces travaux, financés par l’association ELA, ont fait l’objet d’une publication le 6 décembre 2018 dans le New England Journal of Medicine.  
Rice GI, Meyzer C, Bouazza N, Hully M, Boddaert N, Semeraro M, Zeef LAH, Rozenberg F, Bondet V, Duffy D, Llibre A, Baek J, Sambe MN, Henry E, Jolaine V,Barnerias C, Barth M, Belot A, Cances C, Debray FG, Doummar D, Frémond ML,Kitabayashi N, Lepelley A, Levrat V, Melki I, Meyer P, Nougues MC, Renaldo F,Rodero MP, Rodriguez D, Roubertie A, Seabra L, Uggenti C, Abdoul H, Treluyer JM, Desguerre I, Blanche S, Crow YJ. Reverse-Transcriptase Inhibitors in the Aicardi–Goutières Syndrome. N Engl J Med. 2018 Dec 6;379(23):2275-7.

Sur le même sujet

Pour préserver sa fertilité, on lui déplace l’utérus au niveau du nombril

Dans le cadre de la prise en charge d’une patiente atteinte d’un sarcome d’Ewing au niveau de la cloison recto-vaginale, le Pr Cherif Akladios, chef du pôle de gynécologie, obstétrique et fertilité aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, a réalisé un geste spectaculaire et inédit en France. En déplaçant son utérus au niveau de son ombilic, le chirurgien et son équipe ont sans doute permis à la jeune femme de préserver sa fertilité.

« Développer la chirurgie robotique, c’est faire face à beaucoup d’embûches »

A l’occasion d’une série de reportages au CHU de Nice, nous avons suivi le Pr Matthieu Durand, chef du service d’urologie, andrologie et transplantation rénale. Ce dernier a accepté de partager sa vision sur le développement de la chirurgie robotique au bloc opératoire. Dans son service, une attention particulière est donnée à l’enseignement avec 100% d’internes formés à la robotique. Un entretien au carrefour de la formation et de l’innovation.

Dossier : le diabète

Le 14 novembre était la journée mondiale du diabète. Une maladie répandue mais complexe. Environ 537 millions d’adultes vivent avec le diabète dans le monde. En France en 2020, plus de 4,2 millions de personnes vivent avec un diabète, soit 6,1 % de la population. Le diabète est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, à l’exception des territoires ultra-marins où les femmes sont les plus touchées.

Face à l’explosion des demandes de PMA, les CECOS dans l’inquiétude

Depuis la promulgation de la loi de bioéthique il y trois ans, les demandes d’aide à la procréation médicalisée ont explosé. En face de cette dynamique, le nombre de donneurs de spermatozoïdes, lui, est en baisse. Un constat aussi valable pour le don d’ovocytes et qui inquiète les professionnels des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain. Ces derniers n’ont que quelques mois pour reconstituer leurs banques de gamètes, désormais régies par la levée de l’anonymat des donneurs. Reportage au CHRU de Tours.