Un nouveau traitement de la désynchronisation a été inventé en France au milieu des années 90 par des médecins du CHU de Rennes et de la clinique du Val d’Or à St Cloud. Il a pour nom « resynchronisation cardiaque », ou stimulation multisites.
Plus de 500 000 français sont atteints d’insuffisance cardiaque chronique. Leur confort de vie est très altéré par l’essoufflement, la fatigue et les hospitalisations répétées pour poussées d’aggravation. Malgré les remarquables progrès du traitement par médicaments, de nombreux patients restent très invalidés et ont un risque élevé de mortalité. Cela est particulièrement vrai lorsque la défaillance de la pompe cardiaque se complique de désynchronisation. Dans un coeur normal, toutes les parois se contractent et se relâchent en même temps, en synchronisme parfait, pour assurer un rendement maximal de la «pompe». Cette harmonie est rompue chez environ un insuffisant cardiaque sur trois, contribuant à majorer les symptômes et à aggraver le pronostic. La désynchronisation est aisément identifiable par le cardiologue, sur un simple électrocardiogramme ou par des examens d’imagerie.
Un traitement spécifique de la désynchronisation a été inventé en France au milieu des années 90 par des médecins du CHU de Rennes et de la clinique du Val d’Or à St Cloud. Il a pour nom «resynchronisation cardiaque», ou stimulation multisites. Il utilise des électrodes placées par simple cathétérisme (sans intervention chirurgicale) en des points précis des deux ventricules. Un générateur électrique semblable à un pacemaker et placé sous la peau près de l’épaule, stimule simultanément les différents sites pour restaurer l’harmonie de contraction.
Après une longue phase d’évaluation (autant que pour un nouveau médicament avant d’être disponible en pharmacie), l’efficacité de la resynchronisation est aujourd’hui établie.
Les résultats de l’étude CARE-HF ont été publiés dans l’édition du 12 avril 2005 de la célèbre revue américaine, le New England Journal of Medicine. Cette étude réalisée dans 83 hôpitaux universitaires européens, répartis sur 12 pays, a été coordonnée par les professeurs John Cleland (Hull, UK) et Jean-Claude Daubert (Rennes), ce dernier étant aussi l’investigateur principal pour la France. Le CHU de Rennes a été le principal centre de recrutement. Les résultats de CARE-HF sont très largement positifs, avec une réduction majeure du nombre d’hospitalisations pour décompensation et une amélioration de la survie de 36%, chez les patients traités par resynchronisation. Un tel bénéfice n’avait été observé avec aucun autre traitement de l’insuffisance cardiaque, depuis plus de 10 ans. Il s’agit donc d’un progrès thérapeutique majeur.
Les patients éligibles pour ce traitement peuvent être maintenant implantés dans des centres de cardiologie spécialisés, habilités par les Agences régionales d’hospitalisation. L’autorisation de remboursement vient d’être accordée par les pouvoirs publics.
contact presse :
Professeur Jean-Claude Daubert, département de cardiologie et maladies vasculaires
Hôpital Pontchaillou : 02 99 28 25 25