A deux mois des prochaines élections régionales, la Conférences des Directeurs Généraux de Centres Hospitaliers Universitaires présente la diversité des partenariats qui unissent les conseils régionaux et les établissements phares du système de santé français. Un dossier monté avec La Gazette Santé Social. |
A deux mois des prochaines élections régionales, la Conférences des Directeurs Généraux de Centres Hospitaliers Universitaires présente la diversité des partenariats qui unissent les conseils régionaux et les établissements phares du système de santé français.
En collaboration avec le mensuel La Gazette Santé Social une enquête a été menée auprès des 32 CHRU pour recenser les coopérations existantes avec les Conseils Régionaux. 25 établissements ont répondu soit un taux de retour de 80% qui atteste l’intérêt suscité par cette initiative. Les témoignages recueillis montrent que les missions d’enseignement, de recherche et d’innovation et l’activité de soins des CHRU ont été dynamisées par l’intervention des conseils régionaux.
Ces deux institutions publiques ont vocation à oeuvrer ensemble dans une perspective d’aménagement du territoire. Les régions ont d’ailleurs bien identifié le rôle essentiel joué par les hôpitaux universitaires dans leur développement. Premiers employeurs et donneurs d’ordres, les CHRU sont aussi porteurs d’avenir : garants d’une plus grande égalité devant les soins et atouts majeurs pour la compétitivité des territoires.
« En quelques années les coopérations avec les Conseils Régionaux se sont multipliées allant jusqu’à devenir indispensables à la pérennité de certains de nos programmes. Nous espérons que les engagements initiés au cas par cas ouvriront la voie à l’institutionnalisation d’un partenariat fort CHU/Régions» déclare Paul Castel, Président de la Conférence des Directeurs Généraux des CHU
Souvent méconnus, ces concours méritent d’être mis en valeur au moment où des changements majeurs sont programmés : la loi HPST qui va dessiner une nouvelle géographie de la santé et la réforme des collectivités territoriales qui prévoit une refonte du paysage institutionnel et une nouvelle répartition des compétences.
Soutien aux missions des CHU
Au-delà de la compétence en matière de formation professionnelle transférée à la région par la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, les Conseils Régionaux interviennent depuis plusieurs années aux côtés des CHU pour soutenir la recherche. Les financements sont souvent accordés à la demande de l’université et la recherche contre le cancer apparaît comme une priorité.
Les Conseils Régionaux participent également aux investissements immobiliers et aux acquisitions d’équipements innovants dans le cadre des Contrats de Projets Etat – Région…. Des programmes phares, vitrines d’une région innovante, sont choisis pour leur caractère structurant et pour leur impact sur le développement économique et sur l’attractivité du territoire auprès d’entreprises à forte valeur ajoutée (biotechnologies, d’informatique…)
Dans une moindre mesure, les Conseils Régionaux financent l’accès aux soins avec pour principale préoccupation la réduction des inégalités, le soutien à la diffusion des savoirs et à la construction d’une organisation graduée des prises en charge, de la médecine libérale aux pôles de référence.
Enfin une initiative transfrontalière préfigure l’Europe de la santé de demain.
12 illustrations de partenariats Régions/CHRU
Lille– Afin de mieux répondre aux enjeux de démographie médicale, une initiative portée par le Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais, le CHRU de Lille et l’Université ont mené une politique active de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences médicales, axée dans un premier temps sur le dispositif d’assistants à temps partagé. Des hôpitaux de la région avaient des postes vacants, et des internes ne trouvaient pas de débouché. Il a été décidé que ces derniers allaient être recrutés pour deux ans en qualité d’assistants-spécialistes. Plus d’une centaine ont été intégrés dans ce dispositif et 85 sont restés dans la région. Ce dispositif a été complété en 2009 par la création de postes de Chefs de Clinique co-financés par la Région Nord-Pas de Calais.
Reims – Le nouvel Institut Régional de formation aux professions paramédicales accueillera plus de 1 000 élèves à la rentrée 2010- Architectes Thiénot / Ballan
Le Conseil Régional de Champagne-Ardenne a investi 20 millions d’euros dans la construction du nouvel Institut Régional de formation soit 75% des 11 000 m² du bâtiment dont la livraison est prévue pour mars 2010. Cet investissement concerne les activités de formation initiale relevant de sa compétence à savoir : l’Institut de Formation en Soins Infirmier(IFSI), l’Institut de Formation des Aides-Soignants (IFAS), les Ecoles de Puéricultrice(EP) et d’Auxiliaires de Puériculture (EAP), l’Institut de Formation de Manipulateurs d’Electroradiologie Médicale(IFMERM), l’Institut de Formation des Masseurs-Kinésithérapeutes (IFMK), l’Institut de Formation des Ambulancier(IFA), I’Ecole de Sages-femme(ESF) et le Centre d’Enseignement et de Soins d’Urgence(CESU)
Lille – Parc Eurasanté – Vue aérienne partielle – photo NAI
En 1996, le Conseil Régional participait à la création du Parc Eurasanté, technopole de 8ha portée par le CHRU de Lille. A la fois pôle de compétitivité, pépinière d’entreprises et campus, le Parc a été conçu pour développer et animer la filière santé de la région. Cette initiative allait changer l’identité du Nord-Pas-de-Calais. Marqué par le déclin du bassin minier, ce territoire est aujourd’hui reconnu comme un centre européen en Biologie santé. 14 ans plus tard, il affiche des performances enviables : Il s’étend désormais sur 45 ha, regroupe 114 entreprises et laboratoires du secteur Biologie/Santé (Gensit, Bayer Schering Pharma, Diagast…) qui emploient 2 500 salariés.
Système de monitorage continu de l’analgés : le moniteur central
Parmi les sociétés accueillies par le bio-incubateur Eurasanté, on peut citer MetroDoloris – accompagnée depuis 2008- et qui sera créée au mois de mars 2010. MetroDoloris sera la première à commercialiser un système de monitorage continu de l’analgésie basé sur l’exploitation de deux brevets du CHRU de Lille.
La contribution du Conseil Régional au fonctionnement du Parc s’élève à 660 000 euros en 2010.
Au CHRU de Lille, le Conseil Régional a également financé la première IRM 3 tesla 100% dédiée à la recherche : 2, 820 millions d’euros.
Lyon Le Conseil Régional de Rhône-Alpes participe à la création du 1er Centre Français d’Hadronthérapie : le «Centre ETOILE». Administré par le Directeur Général des Hospices Civils de Lyon (HCL), le Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) Etoile réunit les HCL, le Centre de lutte contre le Cancer Léon Bérard, les CHU de Grenoble et de Saint Etienne et l’Institut de Cancérologie de la Loire. Le centre Etoile devrait accueillir ses premiers patients fin 2013. Il permettra de traiter annuellement 2 000 personnes souffrant d’une tumeur cancéreuse radiorésistante et inopérable. La recherche et le développement sur l’hadronthérapie se développeront en symbiose avec l’Université et la Fondation de Coopération Scientifique « Synergie Lyon Cancer » . Le site attirera les chercheurs et experts internationaux. Montant du financement de la région Rhône-Alpes : entre 15 et 20 millions d’euros.
Marseille Le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur subventionne le cancéropôle pour ses besoins en personnel, fonctionnement et en équipement. 760 000 euros
Montpellier Au Conseil Régional du Languedoc Roussillon, une direction en charge de la recherche a arrêté un programme d’appui financier aux plates-formes de recherche et aux équipements du CHU. En contre partie l’établissement les loue aux utilisateurs régionaux (EPST, entreprises…). (5,4 millions d’euros au total depuis 2005)
Poitiers La région Poitou-Charentes investit dans la santé au travail et environnementale en soutenant un programme de recherche. (18 000 euros)
Rennes Les principaux investissements du Conseil Régional de Bretagne ont été mis en oeuvre dans le cadre du contrat de plan Etat/Région 2007-2013. NEURINFO – plate-forme de neuro-informatique et de neuroimagerie : contribution du Conseil Régional de 790 000 € sur un total du projet de 5,070 M€ (travaux d’aménagement et acquisition d’équipements, dont IRM 3 Tesla). THERALMAGE : salle de chirurgie mini-invasive guidée par l’image pour les interventions endovasculaires / contribution du Conseil Régional de 1,120 M€ sur un total du projet de 5,2 M€.
Rouen Le Conseil Régional de Haute-Normandie contribute à l’acquisition d’équipements innovants notamment en octroyant une subvention annuelle d’environ 150.000 € à l’Association Charles Nicolle (financée à parité par le CHU).
Hélicoptère du Samu
Dijon Depuis 2000, le Conseil Régional de Bourgogne octroie au CHU une subvention de fonctionnement aux transports héliportés des patients à hauteur de 230 000 € par an
Nantes Le Conseil Régional des Pays de la Loire finance la construction de l’Institut de recherche thérapeutique (8,2 millions d’euros) et ponctuellement des postes médicaux pour les activités de soins (deux postes d’assistants temps plein en 2009 à hauteur de 100 000 euros) Ces postes offrent des perspectives de post-internat aux internes ce qui contribue à développer l’attractivité de la région.
Saint-Etienne Le conseil Régional Rhône-Alpes encourage l’exploitation maximale des potentialités offertes par les nouvelles technologies de l’information dans le domaine de la santé en participant au financement de la plate-forme SISRA (Système d’information de santé de la région Rhône-Alpes). Cette plate-forme est organisée autour du patient et propose différents outils – comme le dossier patient partagé – destinés à faciliter l’identification du patient, le partage et l’échange d’informations médicales, ainsi que la coordination des soins.
La région et l’Europe
Fort-de-France la Région s’est positionnée à côté de l’Europe pour accompagner le CHU sur l’axe recherche dans 2 projets : intelligence artificielle et système de localisation d’urgence
Strasbourg Associant centres hospitaliers et collectivités territoriales d’Europe du Nord-ouest (France, Belgique, Luxembourg, Allemagne, Pays-Bas, Suisse…) les projets coopératifs INTERREG facilitent la mise en commun et l’harmonisation des pratiques et des techniques. Parmi les études développées on retiendra l’analyse de l’impact démographique de la vieillesse sur la prévalence de la dépendance dans l’Europe du Nord Ouest. Ces travaux débouchent sur l’élaboration de protocoles en gériatrie, sur des modèles de formation professionnelle et sur l’expérimentation d’outils novateurs de partage d’informations et de gérontechnologie. Jusqu’à présent la région a subventionné la démarche à hauteur de 120 000 euros.
le Conseil Régional a vocation à participer activement au pilotage des CHRU
Bien que la santé ne soit pas une compétence « obligatoire » de la région, ces différents exemples montrent que les Conseils régionaux et les CHRU ont su développer ensemble des projets structurants dont l’ampleur varie en fonction des territoires. Les champs de prédilection de ces partenariats concernent la formation, la recherche, l’aide au financement d’équipements innovants et d’investissements porteurs.
« Au-delà de ces contributions, nous souhaitons que les Conseils Régionaux élaborent – en concertation avec les industriels et les partenaires publics – une stratégie régionale de recherche et de valorisation des découvertes » propose Paul Castel. « Seule collectivité à disposer d’une vue transversale, le Conseil Régional doit aussi intervenir dans le cadre de l’aménagement du territoire de santé et promouvoir avec les CHRU une offre de soins graduée, conciliant dans la mesure du possible proximité et sécurité. Pour toutes ces raisons, le Conseil Régional a vocation à participer activement au pilotage des CHRU dans le cadre des Conseils de surveillance. »