Suite au décès inexpliqué d’une patiente de 55 ans constaté mardi 18 décembre 2018 à 6h20 au sein du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière, dans le 10ème arrondissement de Paris, l’AP-HP et l’Agence Régionale de Santé Ile de France ont diligenté une enquête. Celle-ci sera co-dirigée par le Pr Dominique Pateron, président de la collégiale des urgences de l’AP-HP et chef de service des urgences de l’hôpital Saint-Antoine et le Dr Pierre Charestan, chef de service des urgences de l’hôpital d’Aulnay Sous-Bois. Les premières conclusions sont attendues tout début janvier 2019. Dans un communiqué en date du 20 décembre, l’AP-HP fait le point sur les circonstances de l’arrivée de la patiente. L’institution rappelle la situation particulière de Lariboisière, principal centre d’urgences d’Ile de France avec près 85 000 passages par an soit 230 par jour confronté à des difficultés de recrutement.
A propos de la prise en charge de la patiente
La patiente avait initialement cherché à consulter un centre médical mais n’avait pu être reçue puis a été prise en charge par la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris le lundi 17 décembre 2018 et amenée au service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière vers 18h45. Elle a été accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service et orientée dans un « circuit court ». A 1h20 du matin après avoir été appelée sans succès, la patiente est considérée comme étant sortie. Elle est retrouvée décédée vers 6h00 dans la salle d’attente du service d’accueil des urgences de l’hôpital.
La direction de l‘hôpital a immédiatement proposé aux équipes du service des urgences, particulièrement bouleversées par ce décès, un accompagnement psychologique.
Les effectifs étaient ce jour-là conformes au planning dans un contexte d’activité soutenue.
Le plan d’actions en cours de déploiement aux urgences
Un CHSCT local exceptionnel s’est tenu jeudi 20 décembre après-midi.
Le service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière est celui où le nombre de passages est le plus important de l’AP-HP avec près de 85 000 passages annuels et une progression de plus 5% depuis 2017. Les équipes y sont régulièrement confrontées à la grande précarité et aux incivilités.
Suite aux tensions de cet été avec des fréquentations records de 350 passages / jour (contre 230 passages / jour en moyenne), un plan d’actions a été validé en septembre 2018. Il est en cours de déploiement. Les principales mesures visaient notamment à fluidifier la prise en charge et limiter les temps d’attente.
74 postes d’infirmiers étaient prévus pour 2018 dont 4 étaient vacants cet été. Des engagements ont été pris notamment pour recruter rapidement ces 4 postes et en complément, recruter 3 infirmiers supplémentaires pour les affecter à la nuit. Aujourd’hui, le recrutement des 4 infirmiers est réalisé. Le recrutement des 3 postes supplémentaires est en cours et les personnes arriveront au printemps 2019 au plus tard. Sans attendre l’arrivée de ces 3 nouveaux agents, la direction de l’hôpital s’est engagée à assurer la priorité au service des urgences pour les missions de suppléance.
D’août à novembre 2018, les mesures de renfort apportés au service d’accueil des urgences (suppléance, intérim, vacataires et heures supplémentaires) ont permis de soutenir le service à hauteur de 4 infirmiers et de 4 aides-soignants.
Depuis novembre 2018, un médecin d’accueil et orientation assure de 12h00 à 18h00 la prise en charge des patients ne nécessitant qu’une consultation simple sans intervention des personnels paramédicaux.
Entre juillet 2018 et février 2019, deux recrutements supplémentaires de médecins urgentistes ont été effectués.
Compte tenu du contexte particulier du service qui accueille toutes les nuits de nombreuses personnes dans une situation sociale complexe et qui ne relève pas uniquement du soin, il a également été décidé de mettre en place une mission de médiation sociale. Ces mesures prolongent des actions déjà entreprises visant à mieux répondre aux problématiques d’accès aux soins ou de mise à l’abri de personnes en situation de grande précarité. Ainsi, un poste d’assistant en médecine interne partagé avec le centre de santé Richerand a été créé en novembre 2018. En post-hospitalisation, cet assistant suit au centre de santé les patients jusqu’alors sans médecin traitant. L’objectif est ainsi de limiter les sollicitations évitables aux urgences.
Des rencontres ont eu lieu avec les partenaires extérieurs afin d’organiser leurs passages aux urgences et de prendre en charge les sans-abris qui y sont hébergés la nuit sans motif médical. L’objectif est également de pérenniser l’équipe de médecins libéraux qui assurent une permanence en soirée aux urgences.
Une enquête pour comprendre et améliorer
L’enquête vise à faire toute la lumière sur les faits. Plus précisément, elle « analyser le processus de prise en charge de cette patiente, sa conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations et notamment celles diffusées à l’issue du décès survenu dans des circonstances proches au sein du service des urgences de l’hôpital Cochin en 2014, ainsi que les mesures correctrices pouvant être mises en place. Des recommandations plus générales sur le fonctionnement du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière et l’ensemble des services d’urgences de l’AP-HP et de la région Ile de France sont également attendues.