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Dossier : la maladie de Lyme

Dans ce dossier, nous abordons la piqure de tique et la transmission de la bactérie Borrelia, à l'origine de la très médiatisée maladie de Lyme. L'occasion, sur la base de travaux et d'études scientifiques, de démêler le vrai du faux à l'heure où les controverses et fausses informations pullulent sur internet.

La maladie de Lyme, c’est quoi ?

La maladie de Lyme, aussi nommée « borréliose de Lyme » est une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise naturellement des animaux vers l’être humain. Ici, les agents infectieux sont transmis par une piqûre de tique. Les contaminations sont fréquentes au pic d’activité maximale des tiques, qui, en France, se situe entre le début du printemps et la fin de l’automne. Les tiques vivent généralement en zone boisée et humide. On les trouve aussi dans les herbes hautes, jardins et parcs. La tique est infectée par une bactérie de la famille des spirochètes. Cette maladie n’est pas contagieuse.

Une surveillance de la maladie de Lyme, réalisée par Santé Publique France et Réseau Sentinelles, a permis de constater un accroissement des nouveaux cas diagnostiqués entre 2015 et 2018, suivie d’une certaine stabilité avec des variations de l’incidence selon les années.

Les Chiffres

« Entre 2009 et 2021, l’estimation du nombre de cas de borréliose de Lyme diagnostiqués en médecine générale a fluctué entre 25 000 et 68 530 cas par an. L’estimation du taux d’incidence annuel de la borréliose de Lyme fluctuait autour d’une moyenne estimée à 62 cas/100 000 habitants, de 41/100 000 habitants (2011) à 104/100 000 habitants (2018) en France métropolitaine.

Une augmentation significative de l’incidence en France métropolitaine a été notée entre les années 2015 et 2016 puis entre les années 2017 à 2018 avec un maximum de 104 cas pour 100 000 habitants atteint en 2018. En 2021, l’incidence était estimée à 71 cas pour 100 000 habitants (46 598 cas estimés). »

« En 2021, 663 patients atteints de Borréliose de Lyme ont été hospitalisés en France. »

« Les hospitalisations pour borréliose de Lyme sont plus fréquentes entre juin et octobre. Les groupes d’âge les plus touchés sont les enfants de 5 à 9 ans et les adultes de 70 à 79 ans.

La moitié des cas hospitalisés est associée à la présence de manifestations neurologiques (neuroborrélioses).

L’incidence annuelle des hospitalisations pour neuroborréliose reste stable depuis 2005 (entre 0,5/100 000 habitants et 0,8/100 000). En 2021, elle était de 0,5/100 000 habitants. » 

Chiffres de Santé Publique France (Borréliose de Lyme

La maladie de Lyme évolue, contrairement à d’autres maladies infectieuses, assez lentement. Elle comporte trois phases :


L’érythème migrant : lors du premier mois suivant la piqûre,  une rougeur apparaît  au centre de la piqûre et s’étend progressivement en cercle. Cette rougeur peut s’accompagner de fièvre, de maux de tête et de ganglions. Lorsque ces symptômes apparaissent, il est recommandé de prendre un traitement antibiotique.

Érythème migrant. Crédit Photo : HUS

Si le traitement n’est pas pris lors de la première phase, la bactérie va diffuser, se déplacer dans d’autres tissus et entraîner de potentielles complications. Celles-ci peuvent être d’ordre neurologique (par exemple : paralysie faciale), ou articulaire (arthrite des grosses articulations comme le genou, articulation la plus souvent atteinte). Il peut y avoir également une inflammation des racines nerveuses (radiculites) qui peuvent provoquer des douleurs désagréables dans les membres type décharges électriques ou fourmillements. Plus rarement, ces complications vont se manifester par des atteintes cardiaques (ralentissement du cœur), ou ophtalmique (vision trouble).

Enfin, lors de la  troisième phase, dite tardive, des symptômes articulaires peuvent persister, tout comme des atteintes du système nerveux et des lésions de la peau (acrodermatite atrophiante). 

Prévention et diagnostic 

Quelles sont les causes de la maladie de Lyme ?

La maladie de Lyme est due à la bactérie appelée Borrelia, En Europe ce sont les espèces Borrelia afzelii et B. garinii qui sont les plus fréquentes. Les « borrélies » sont présentes dans la salive des tiques infectées et sont transmises au moment de la piqûre. S’il existe de nombreuses espèces de tiques dans la nature, il n’y a, en France, qu’une seule espèce de tique qui transmet la maladie de Lyme : Ixodes ricinus. Les tiques sont contaminées lorsqu’elles se nourrissent du sang de rongeurs ou d’oiseaux.

Précision importante, formulée par le Pr Yves Hansmann (Chef du pôle SMO, Service des Maladies Infectieuses et Tropicales au CHRU de Strasbourg) :  » Toutes les tiques de type Ixodes ne sont pas contaminées. Selon les endroits, cela peut être 10 à 15% des tiques qui vont être contaminées. Une tique contaminée ne transmet pas dans tous les cas la bactérie. Déjà, elle a besoin d’au moins 24 heures pour transmettre la bactérie ; et donc, lorsqu’on la retire suffisamment rapidement, cela permet d’éviter qu’il y ait cette transmission. Au final, on peut très bien être piqué par une tique sans être contaminé, même si la tique elle-même était porteuse de la bactérie. « 

La piqûre de tique reste le plus souvent indolore, ce qui explique qu’il soit difficile de la remarquer. Lorsqu’une personne est piquée et contracte la maladie de Lyme, elle n’est pas contagieuse. 

Le diagnostic 

On peut utiliser la sérologie pour diagnostiquer la maladie de Lyme afin de trouver la présence d’anticorps combattant la bactérie Borrelia. Cependant, ces anticorps ne sont détectables que six semaines après l’infection. L’ELISA et Western-Blot sont deux techniques qui permettent cette détection des anticorps. Si le résultat du test ELISA est positif, un Western-Blot est effectué dans un deuxième temps pour confirmer cette positivité. Il permet par ailleurs d’éliminer d’éventuels faux positifs obtenus en ELISA. 

Peut-on prévenir la maladie de Lyme ?

Il existe des mesures de protection contre les piqûres de tiques. Il faut également être très vigilant durant/après une balade en forêt ou dans son jardin. Les règles conseillées sont les suivantes : 

  • Porter des vêtements protégeant les bras, les jambes et le cou.

  • Utiliser un produit répulsif sur sa peau.

  • Penser à surveiller sa peau durant et après la balade.


Si une tique est trouvée sur la peau, il faut l’extraire à l’aide d’un tire-tique – disponible en pharmacie -, en faisant attention à bien retirer ses  » pièces piqueuses « , accrochées dans l’épiderme. Il faut ensuite désinfecter la piqûre et surveiller la zone atteinte durant les quatre semaines qui suivent. L’utilisation d’alcool, de vaseline ou d’essence avant de retirer la tique est à proscrire, car cela pourrait augmenter le risque de transmission de la bactérie Borrelia. 

Les populations concernées 

On peut être piqué par une tique, et donc infecté, à n’importe quel âge, comme le confirme le Pr Yves Hansmann :  » On voit des adultes jeunes, des personnes plus âgées. La maladie de Lyme concerne plus souvent des personnes qui ont une activité en zone rurale ou qui ont une activité professionnelle qui les expose aux piqûres de tiques (forestiers, agriculteurs) ; mais cela concerne aussi des personnes qui habitent en ville et qui vont régulièrement se promener dans les forêts aux alentours et qui se font piquer à cette occasion-là.« 

Traitement

Si une personne piquée ne présente pas de symptômes, il n’est pas nécessaire d’utiliser un traitement contre la maladie de Lyme. En revanche, si une lésion ou rougeur apparaît, le patient doit aller consulter son médecin traitant. Ce dernier lui prescrira un traitement antibiotique afin d’éviter toute complication. Plus la maladie est détectée rapidement, plus elle est facile à éliminer avec un traitement. 

La prise en charge des patients

Le Ministère de la Santé a mis en place trois niveaux de prise en charge, en accord avec les recommandations de la Haute Autorité de Santé.

Dans un premier temps, le patient est reçu par le médecin généraliste pour un premier diagnostic et prise en charge. Dans un second temps, si le besoin se présente ou s’il y a des complications, le médecin de ville peut s’adresser au centre de compétence d’un centre hospitalier et y rediriger le patient.

Enfin, le troisième niveau de prise en charge trouve place au sein des cinq centres de référence nommés par le ministère de la santé et de la prévention : CHU de Clermont-Ferrand associé au CHU de St Etienne, le CHU de Marseille, le CHU de Rennes, le CHU de Strasbourg associé au CHU de Nancy, le Groupe hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges. Le rôle de ces centres est de prendre en charge les patients en situation complexe, de proposer une formation aux professionnels de santé et de faire de la recherche sur la maladie de Lyme et les maladies vectorielles à tiques.

La Haute Autorité de santé a mis en ligne en mars 2022 un « Guide du parcours de soins – Patients présentant une suspicion de borréliose de Lyme ».

Le Centre National de référence des Borrelia 

Le Centre National de référence des Borrelia se trouve au CHRU de Strasbourg. Son directeur, le Pr Benoît Jaulhac (qui dirige par ailleurs le laboratoire de bactériologie du CHU) détaille ses différentes missions. 

 » Ce Centre a, d’une part, une mission de conseils pour les professionnels de santé, qu’il s’agisse de médecins cliniciens ou de biologistes. Il a aussi une mission de développement d’outils pour le diagnostic biologique, notamment des outils moléculaires et a, actuellement, le développement de méthodes pour d’autres agents pathogènes que Borrelia, transmis aussi par les tiques. On a aussi une mission d’expertise des tests diagnostiques qui sont commercialisés sur le marché français. Enfin, nous avons une activité importante de surveillance vectorielle c’est-à-dire de surveillance des densités de tiques qui transmettent les Borrelia au niveau des forets ou des parcs dans lesquels on peut se contaminer ; on va effectuer cette surveillance par la densité de ces tiques de façon mensuelle ainsi que le taux de tiques infectées par Borrelia et d’autres agents infectieux qui peuvent être transmis par ces tiques.« 

Sur cette dernière mission de collecte des tiques, le Pr Benoît Jaulhac précise : 

« Nous collectons des tiques sur les terrains puis les analysons dans le laboratoire de façon à déterminer si, d’une part, il y a des zones plus à risques que d’autres ; et surtout, pour voir l’évolution. On a ainsi montré qu’en fonction du climat, il y a des mois de l’année où il va y avoir plus ou moins de tiques. C’est surtout, pour la France, les mois d’avril, mai, juin et juillet. S’il fait plus doux, comme dans l’Ouest de la France cela va être plutôt en avril et en mai que cela va commencer. Ici, en Alsace, cela va commencer un peu plus tard. En mai, juin et juillet, on va avoir la densité maximale de tiques qui vont être à l’affut pour vouloir piquer un individu ou un animal, et peut-être l’infecter. En Alsace, à partir du mois d’août, il y a toujours des tiques mais beaucoup moins. Le risque, pour quelqu’un qui se promène en forêt, est donc diminué. «  

Plus d’infos : 

https://www.chru-strasbourg.fr/service/borrelia/ 

Ce dossier n’a qu’une valeur informative non-exhaustive et ne remplace en aucun cas l’avis médical d’un expert.

Les informations contenues dans ce dossier de ont été relues et vérifiées par le Pr Yves Hansmann, Chef du pôle SMO, Service des maladies infectieuses et tropicales du CHRU de Strasbourg.

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