En ce mois de février, la nouvelle stratégie de transformation du système de Santé se met en marche, Santé Publique France signe sa feuille de route 2018-2022, les fédérations font tribune commune contre les coupes budgétaires et les CHU affichent leurs valeurs en défrayant la chronique.
13 février – 5 chantiers pour la transformation du système de santé
Transformer l’offre de soins en 5 chantiers et y dédier une enveloppe annuelle de 100 millions d’euros hors ONDAM : tels sont les tenants de la «stratégie de transformation du système de santé» annoncée par le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le 13 février, lors d’un déplacement à l’hôpital Simone Veil d’Eaubonne (Val-d’Oise). Une réforme qui entend s’attaquer en priorité aux principales faiblesses du système actuel. A savoir, l’investissement insuffisant dans la prévention, la difficulté d’accès aux soins dans certains territoires, la complexité et le cloisonnement du système. Le premier ministre évoque pour ce faire «une approche globale», plaçant le patient «au centre des réflexions et des évolutions à venir».
Propos d’Edouard Philippe, Premier ministre en introduction du dossier de presse consacré au lancement de la stratégie de transformation du système de santé
3 mois de réflexion pour établir la feuille de route
«Je souhaite réunir autour d’une même table tous les professionnels de santé, de la ville, de l’hôpital, du médico-social, du public et du privé et associant dès le début, les représentants des usagers, a-t-il précisé, alors on se donnera une feuille de route à suivre tout de suite et tous ensemble».
La réflexion est ainsi lancée pour 3 mois au sein des acteurs de la Santé autour de 5 grands chantiers: la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et de régulation, le virage numérique, la formation et la qualité de vie au travail des professionnels de santé et enfin l’organisation territoriale des soins. L’enjeu étant d’établir pour l’ensemble de ces chantiers une feuille de route générale d’ici le mois de mai. Les réalisations et réformes s’étaleront ensuite, selon la complexité de leur mise en œuvre, entre 2018 et les années suivantes.
La présentation de ces grandes lignes de la nouvelle stratégie nationale de Santé a pour l’heure était largement reprise par la presse professionnelle (Hospimedia, Le Quotidien du Médecin…) et généraliste. « Le gouvernement promet une réforme globale », titre Le Monde . Une réforme qualifiée de « Big bang » par Le Figaro, et qui « divise » quand il s’agit de l’hôpital, estime Le Parisien.
12 février – Objectifs 2022 pour Santé Publique France
«Aujourd’hui, j’attends de Santé publique France qu’elle s’engage à porter au plus haut niveau, dans un cadre rénové, les ambitions et l’action ministérielles dans un souci d’excellence, de transparence mais aussi d’efficience, de modernisation dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint.» Ainsi Agnès Buzyn a-t-elle posé les enjeux, en signant lundi 12 février 2018 avec François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, le nouveau contrat d’objectifs et de performance (COP) de Santé publique France pour la période 2018-2022.
Une démarche collaborative coordonnée par l’IGAS
Ce contrat a été élaboré à partir d’une démarche collaborative coordonnée par l’IGAS auprès des différentes parties prenantes. Plus d’une cinquantaine d’entretiens ont été réalisés pour recueillir la vision à 180° des attentes de différentes instances, organismes et professionnels de santé.
Suite à cela, 6 groupes de travail interministériels ont été mis en place dans une phase de co-construction des objectifs stratégiques et opérationnels. A savoir : améliorer et optimiser l’observation épidémiologique et la veille sur les risques sanitaires ; développer et garantir l’efficacité des actions de prévention et de promotion de la santé ; assurer de façon optimale la préparation et la réponse aux menaces, alertes et crises sanitaires ; contribuer en termes d’expertise aux politiques de santé publique mises en œuvre aux niveaux régional et international ; assurer une gestion et un pilotage efficient ; développer les partenariats institutionnels, les liens avec la recherche et l’ouverture à la société civile.
18 février – Le cri d’alarme à l’unisson des fédérations hospitalières
« Tarifs hospitaliers : la santé menacée », le cri d’alarme des fédérations hospitalières : ainsi titrait le Journal du Dimanche (JDD) de ce 18 février 2018. Et c’est dans doute la première fois que se soude une telle union ! Antoine Dubout, président de la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne), Lamine Gharbi, président de la FHP (Fédération de l’hospitalisation privée), Frédéric Valletoux, président de la FHF (Fédération hospitalière de France) et Patrice Viens, président d’Unicancer (Fédération des centres de lutte contre le cancer) ont signé une tribune commune dans le journal du week-end contre une éventuelle baisse des tarifs hospitaliers. Une alerte lancée à l’adresse des Français: « Nous, fédérations hospitalières, représentons les 3100 hôpitaux et cliniques de France. Le 1er mars prochain, comme tous les ans, nous connaîtrons les tarifs qui nous sont appliqués, c’est-à-dire le montant de la rémunération de nos actes par l’Assurance maladie. Il est de notre devoir aujourd’hui d’endosser un rôle de lanceur d’alerte, au sens où nous pointons, ensemble, un risque dommageable pour le bien commun. En l’occurrence, toute nouvelle baisse tarifaire serait très préjudiciable au système hospitalier et à la santé des Françaises et des Français. »
#FierDeMonHopital#JaimeMonCHU#JaimeMonHopitalPublic
une campagne bien relayée
«Fiers de nos urgences qui accueillent tous les patients vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept», «fiers chaque jour de mettre au monde vos bébés», … Une dizaine de messages valorisant le service public hospitalier ont fleuri de fin janvier à mi-février via la campagne #FierDeMonHopital #JaimeMonCHU #JaimeMonHopitalPublic. Un mouvement engagé sur Twitter par les directeurs d’établissements en contrepoint du critique et négatif #BalanceTonHosto. « Rationalisation des soins, pression quasi managériale, manque de moyens, etc. […] Aucun dysfonctionnement hospitalier n’est épargné« , résumait à ce propos le quotidien Libération dans un article consacré à la polémique. En réaction, la Conférence des directeurs généraux de CHU a tenu à rendre hommage aux centaines de milliers de professionnels qui se mobilisent chaque jour pour surmonter les contraintes et continuer à maintenir un niveau de soin, de recherche et d’enseignement exceptionnel. «Nos équipes méritent de voir honorés leur travail quotidien et les résultats obtenus», a souligné Jean-Pierre Dewitte, président la Conférence.
Sur les réseaux sociaux les messages mettent en lumière les multiples contributions des CHU et des hôpitaux publics au système de santé français. «Une manière de montrer qu’il existe, aussi, du « positif » à l’hôpital», relève Hospimedia. Une campagne largement relayée sur Réseau CHU .
Betty Mamane
Relay H, un réseau très hospitalier |