Avec la commémoration de l’attentat de Nice et la disparition du Pr Christophe Mariette, ce mois de juillet portait encore les couleurs du deuil. Emotion toujours après l’agression violente d’une jeune interne à Marseille. Cet événement pose avec une acuité nouvelle fois les questions de sécurité au travail. L’actualité a également été dominée par la 9ème conférence internationale de recherche sur le sida se tenait à Paris.De son côté, la ministre de la Santé et des Solidarités est montée au créneau en fin de mois pour décrédibiliser officiellement le discours des anti-vaccins.
14 juillet – L’attentat de Nice: il y a un an…
« Le 14 juillet niçois ne sera plus jamais le même et il ne sera plus jamais tout à fait le même en France, s’y mêlera toujours cette amertume du souvenir des victimes, de toute cette douleur si soudaine, si vive ». Ainsi débutait l’hommage rendu par Emmanuel Macron aux victimes de l’attentat qui a fait voici un an 86 morts et des centaines de blessés sur la promenade des Anglais. Succédant à Christian Estrosi, le maire de Nice qui a évoqué, comment en ce jour de fête nationale, sa ville « a partagé avec la Nation une page tragique ».
Le président de la République passera ensuite en revue des troupes interarmées, décernera la Légion d’honneur à Franck, « le héros au scooter » qui avait essayé d’arrêter le camion meurtrier. Suivront le passage de la patrouille de France et l’émouvante énumération des noms et âge des victimes dont beaucoup d’enfants. Une minute de silence sera organisée dans la soirée, à 22h34, heure exacte de l’attaque il y a un an avant la rencontre du chef de l’Etat avec les familles des victimes, à huis clos. Autant de moments forts rapportés par l’ensemble des médias ce 14 juillet 2017.
Un nouveau dispositif de prise en charge d’urgence
Au CHU de Nice, « les médecins vivent au quotidien avec ce drame », rapporte Le Figaro. Et Ils pensent de nouveaux modèles d’intervention, de formation et de coopération pour sauver encore plus de vies. Partant des procédures définies avant les attentats et évaluant les moyens qui ont été effectivement nécessaires pour traiter l’afflux de blessés, les médecins de premier recours proposent de nouvelles mesures. Ils préconisent notamment l’adaptabilité des plans, le transfert de techniques de soins militaires dans le contexte civil, des exercices de simulation, le développement de la recherche… S’appuyant sur leurs travaux, un nouveau dispositif doit couvrir l’ensemble du territoire français. Leur étude est présentée dans la revue The Lancet du mercredi 26 juillet 2017.
18 juillet – Agression d’une interne à l’hôpital de la Timone
Le 18 juillet, l’annonce de l’agression et tentative de viol d’une interne à l’hôpital de la Timone à Marseille, secoue l’actualité. « Elle souffre, en plus du traumatisme psychique, de multiples plaies de la face, fractures des os du crâne et d’une hémorragie intracrânienne », précise le communiqué publié par le Syndicat autonome des internes des hôpitaux de Marseille (SAIHM), largement repris par les médias nationaux et régionaux.
Les faits remontent au dimanche 9 juillet. Vers 18 h 30, une première interne est violemment bousculée par un homme et réussit à s’échapper. Quelques minutes plus tard, une seconde jeune femme entre dans le bâtiment réservé aux internes en médecine et pharmacie où elle réside, et situé dans l’enceinte de l’hôpital de la Timone. Un homme la suit, la frappe au visage et tente de la violer à quelques pas de sa chambre. L’agresseur emprunte la porte d’entrée du bâtiment où résident 150 internes et dans lequel on ne peut normalement entrer qu’avec un badge.
Une porte cassée depuis 6 mois
« C’est une zone d’accès sécurisée. Mais cette porte était cassée depuis six mois », explique au Quotidien du Médecin Justin Breysse, président du SAIHM. Le syndicat pointe l’insécurité qui règne dans l’établissement et préoccupe sérieusement la communauté interniste. « La colère s’est très vite exprimée sur les réseaux avec les témoignages d’étudiants marseillais régulièrement agressés dans leur fonction », rapporte le site Remede.org.
La direction de l’établissement a précisé que la victime s’était « réfugiée chez la responsable de l’internat. Deux agents de sécurité sont arrivés quelques minutes après sur les lieux et ont prévenu les services de police qui ont déclenché une enquête avec audition des témoins et investigations sur les lieux de l’agression ».
Soutien psychologique et nouveau dispositif de sécurité
Un soutien psychologique a aussi été proposé à cette interne. Le site Infirmiers-com adresse quant à lui « ses plus sincères pensées à cette jeune femme sauvagement agressée ainsi qu’à sa collègue, et leur souhaite un prompt rétablissement ». La victime a porté plainte et l’agresseur a été interpellé lundi 17 juillet. Il était déjà connu des services de police, indique l’AP-HM dans un communiqué.
Une réunion s’est tenue avec l’ensemble des acteurs pour établir des mesures d’urgence. Ainsi, la porte a été réparée et une surveillance de l’internat par caméra a été mise en place. Enfin, un agent de sécurité est en poste depuis le 10 juillet devant l’entrée de la résidence.
19 juillet – Disparition du Pr Christophe Mariette
« C’est avec tristesse que la communauté hospitalo-universitaire du CHU de Lille a appris, mercredi 19 juillet, le décès du Professeur Christophe Mariette, Chef du service de chirurgie générale et digestive, spécialiste du traitement des cancers œsogastriques, et chercheur en oncologie digestive reconnu »: l’annonce publiée par le CHU Lille a endeuillé le monde médical et au-delà. La triste nouvelle a été largement relayée dans la presse régionale et nationale.
Un acteur international de la recherche sur le cancer
Leader médical et scientifique de renommée internationale, figurant parmi les meilleurs médecins-chercheurs du CHU de Lille, le Professeur Christophe Mariette était un acteur incontournable de la recherche sur le cancer, très impliqué notamment dans l’activité du site de recherche intégré sur le Cancer « ONCOLILLE » (formé par le CHU de Lille et le Centre Oscar Lambret), ainsi que dans le centre d’essais cliniques de phases précoces « CLIP2Lille ».
Il était également le créateur et coordonnateur national de la cohorte FREGAT, un réseau de recherche sur les cancers de l’œsophage et de l’estomac.
De nombreux hommages
De nombreux hommages lui ont été rendus, dont l’un par ses confrères de la SNFGE: « C’est avec stupeur que nous avons appris hier que notre collègue et ami, le Pr Christophe Mariette, avait mis fin à ses jours, ont-ils déploré en adressant leurs condoléances à sa famille. Christophe était le modèle du chirurgien moderne, chercheur, publiant et mondialement reconnu sur le thème de la chirurgie digestive haute et de la cancérologie digestive. Brillant esprit, d’une intelligence aiguë, il a su créer par son travail acharné, sa rigueur et son charisme une école de chirurgie ».
De leur côté, Frédéric Boiron, directeur général du CHU de Lille et le Pr François-René Pruvot, président de la CME, ont manifesté au nom de l’établissement, tout leur soutien aux proches de Christophe Mariette dans cette épreuve.
23-26 juillet : Paris à l’heure de la 9e Conférence internationale sur le sida
Organisée par l’International Aids society (IAS) en partenariat avec l’ANRS, l’agence de recherche contre le sida et les hépatites), la 9e conférence internationale de recherche sur le sida a réuni plusieurs milliers de participants, chercheurs, politiques et associations, à Paris du 23 au 26 juillet 2017. L’occasion de faire le point sur les avancées dans la lutte contre le virus.
Charge des militants d’Act-Up
Dès le début du discours de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, des militants d’Act-Up, d’Aides, et de Coalition ont interrompu la session plénière. Les reproches des associations se concentrent sur la réduction de près de 158 millions d’euros de l’aide au développement et sur la diminution de 331 millions du budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. La France ne respecterait ainsi plus sa promesse d’allouer 0,7 % de son revenu national brut à l’aide au développement.
Le Quotidien du Médecin s’est aussi penché sur les résultats encourageants du programme de recherche clinique APPROACH, présentés par le Pr Hanneneke Schuitemaker, qui marquent une étape supplémentaire dans la mise au point d’un vaccin prophylactique contre l’infection par le VIH. Le quotidien médical s’intéresse aussi à « L’avenir de la PrEP ». En effet, note-t-il, l’utilisation de traitements antirétroviraux dans le cadre de prophylaxie pré-exposition (PrEP) des populations à risque ne figure pas encore dans les recommandations de l’OMS pour la prévention des infections par le VIH.
« Faut-il le rappeler, on ne guérit pas du sida », rappelle Elisabeth Menu, directrice de recherche à l’Institut Pasteur, sur France Info TV, lundi 24 juillet. Même si elle en convient: « les traitements, s’ils sont bien pris, ont permis d’avoir une très forte amélioration de la santé. L’espérance de vie chez les personnes séropositives est augmentée et atteint quasiment les niveaux de la population générale ».
25 Juillet – Agnes Buzyn tient le cap contre les anti-vaccins
Le doute a été instillé et distillé depuis le début du mois par certaines associations et l’affaire agace les grands acteurs et les autorités de santé. « La ministre de la Santé écarte toute nocivité des adjuvants », titre ainsi le Point, reprenant les grandes lignes de son intervention à l’Assemblée nationale. Non, les adjuvants tels les sels d’aluminium utilisés dans la préparation des vaccins « ne sont pas nocifs », a fermement mis au point Agnes Buzyn, mercredi 25 juillet lors de la séance des « Questions au gouvernement ».
La ministre de la Santé a répondu clairement, par ces propos, aux craintes exprimées par plusieurs associations ainsi que certains médecins en lien avec l’annonce, début juillet, que le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants passerait de trois à onze l’an prochain. « Vous dites: Pouvons-nous trouver des adjuvants moins nocifs? Mais ils ne sont pas nocifs pour la santé, tous les rapports le montrent », a donc répondu Agnès Buzyn à la députée Frédérique Tuffnel (REM).
Bientôt 11 vaccins obligatoires pour les enfants
Le gouvernement a annoncé début juillet que le nombre de vaccins obligatoires pour la petite enfance passerait de 3 à 11 l’an prochain. Les parents récalcitrants encourent en théorie jusqu’à six mois de prison et 3 750 euros d’amende. Interrogée par la députée de Charente-Maritime sur l’éventuel caractère « brutal » et contre-productif d’une telle mesure, compte tenu des inquiétudes existantes dans la population, la ministre de la Santé a affirmé être « obligée »d’en passer par là, en raison de la baisse du taux de couverture vaccinale en France ces dernières années. « S’il n’y avait pas d’obligation, nous savons que le taux de couverture baisserait, à cause de tous ces réseaux sociaux et à cause de cette désinformation », a-t-elle insisté.
Le plan France Médecine Génomique dans les starting blocks
L’actualité de juillet 2017 c’était aussi le top départ du Plan France Médecine Génomique 2025 avec deux projets retenus : SeqOIA en Ile-de-France porté par le groupement de coopération sanitaire regroupant l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, l’Institut Curie, et l’Institut Gustave Roussy, et AURAGEN en région Auvergne-Rhône Alpes porté par le Groupement de coopération sanitaire (GCS) regroupant les 4 CHU de la région (les Hospices civils de Lyon et les CHU de Grenoble, de Saint-Etienne et de Clermont-Ferrand), les deux centres de lutte contre le cancer régionaux et l’Institut de cancérologie de la Loire.
Betty Mamane
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