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« L’augmentation du nombre de cas de COVID-19 dans les EHPAD était prévisible»: Joachim Tavares, fondateur de Papyhappy

Alors que l'épidémie liée à la propagation du COVID-19 frappe de plein fouet les EHPAD, des interrogations se posent sur les moyens de faire face à la crise. Regard sur la situation avec Joachim Tavares, fondateur de Papyhappy et ancien Directeur d'EHPAD.

Alors que l’épidémie liée à la propagation du COVID-19 frappe de plein fouet les EHPAD, des interrogations se posent sur les moyens de faire face à la crise. Regard sur la situation avec Joachim Tavares, fondateur de Papyhappy et ancien Directeur d’EHPAD.

Comment réagissez-vous à l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 dans les Ehpad ? 

Elle était prévisible au regard de l’évolution de l’épidémie en France et dans le monde. La situation était jusqu’à présent bien maîtrisée mais face aux ruptures de matériel et à une fatigue croissante des personnels, le risque est grand d’enregistrer de plus en plus de décès liés au Covid-19. N’oublions pas que les résidents arrivent de plus en plus âgés en Ehpad et que les durées moyennes de séjour ne cessent de se raccourcir. Comme pour les épidémies de grippe ou de gastro-entérites, nos aînés fragiles risquent de succomber plus facilement à ce virus que les populations plus jeunes.

Vous avez dirigé plusieurs Ehpad. Comment réagiriez-vous dans le contexte actuel ?

Au-delà du strict respect de l’interdiction de toute visite au sein des résidences et de l’attention portée à la protection des professionnels, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. Des directeurs d’Ehpad communiquent aujourd’hui sur le manque de masques. L’entraide est et sera très importante en termes d’approvisionnement de matériels, à la condition bien entendu qu’ils soient aux normes et de qualité. Dans certains établissements, le personnel a aussi décidé de se confiner avec les résidents. Ce sont de formidables initiatives qui traduisent une mobilisation exceptionnelle des professionnels.

Faut-il porter une attention plus grande aux personnels, compte tenu de leur fatigue, voire de leur stress ?

De toute évidence. La fin de l’année dernière a déjà été difficile, marquée par des mouvements de grève contre le manque de personnels. Les managers doivent être sur le terrain aux côtés de leurs équipes et faire preuve d’une écoute plus importante mais rappelons aussi que ces moments difficiles renforcent généralement la solidarité.

Lorsqu’un Ehpad enregistre des cas de coronavirus, faut-il le dire aux résidents ?

Oui, il faut être totalement transparent. Par ailleurs, les résidents se sentent souvent en sécurité en établissement. Les protocoles, notamment de soins, sont très rigoureux et très encadrés. Parler de cette épidémie, qu’il y ait des cas ou non, est un moyen de faire prendre conscience des risques et donc des mesures à respecter.

Quel regard portez-vous sur la gestion de cette crise par les pouvoirs publics ?

Il n’est pas normal qu’en France des soignants quémandent des masques ou des gants pour soigner alors que ce matériel est essentiel pour protéger les résidents mais aussi les professionnels. En Ehpad, le niveau de dépendance et donc les besoins de soins n’ont cessé d’augmenter alors que le ratio de personnel est resté le même. Quand la crise sera passée, une réflexion devra être menée sur l’allocation de moyens supplémentaires aux Ehpad.

Les Ehpad sont-ils aujourd’hui en capacité de soigner les résidents malades ?

Un Ehpad n’est pas un hôpital. Il a la possibilité de recourir à l’hospitalisation à domicile ou à des équipes mobiles de gériatrie, il recrute du personnel soignant, notamment des infirmières, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes, des psychomotriciens… Mais la vocation d’un Ehpad n’est pas de soigner. Elle est d’héberger et d’accompagner le mieux possible les personnes âgées jusqu’au terme de leur vie.
Propos recueillis par Hélène Delmotte

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