Concours de l’internat : la Conférence des doyens de médecine défend une réforme “favorable”

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Crédit photo : CHU de Bordeaux
Dans un contexte de polémique suscitée par les nouvelles modalités de choix de spécialités pour les internes en médecine, qui dénoncent une forme d’injustice, la Conférence des doyens de médecine a pris la plume. Dans un communiqué publié le 28 août, celle-ci tente de rassurer en affirmant que “l’équité est bien respectée” et que la baisse actuelle du nombre d’internes n’empêchera pas le fonctionnement global de l’hôpital “d’être bien assuré”.

On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une surprise de rentrée ! Au printemps dernier, un peu moins d’un millier d’étudiants qui se préparaient au concours de l’internat, s’ouvrant ainsi la voie au troisième et dernier cycle des études de médecine, avaient préféré redoubler, pas certains d’obtenir la spécialité médicale voulue parmi les 44 possibles. La raison ? Pour espérer devenir interne, il faut désormais passer des Épreuves Dématérialisées nationales (EDN), examens écrits, et des Examens cliniques objectifs structurés (ECOS), de nature plus pratique. A noter que l’accès aux ECOS dépend d’une notre minimale (14/20) obtenue aux EDN. Quoi qu’il en soit, le refus d’obstacle d’une partie des étudiants, déterminés à ne pas être la génération test  (ou 0) d’un concours fraîchement réformé, s’est traduit par l’accouchement d’une plus petite promotion qu’en 2023, 7794 contre 9884 selon les chiffres publiés au journal officiel le 9 juillet dernier. Non sans conséquence. 

Avec l’annonce le 7 juillet de la suppression de 1500 postes ouverts par spécialité et par territoire dans les hôpitaux, les internes craignent devoir assumer dès novembre, et ce à l’heure où une partie des établissements connaissent une tension sur le plan RH, une charge de travail supplémentaire. D’autres ont le sentiment de ne pas avoir pu, du fait de cette diminution du nombre de postes (-16% par rapport à 2023 donc), prétendre à la spécialité qu’ils visaient. C’est le cas d’Hélène Hérubel, étudiante en médecine à l’université Paris Cité, qui a dû renoncer à la spécialité ORL. Le 8 août dernier, elle lançait une pétition numérique dénonçant une « profonde injustice «  et réclamant notamment la réouverture de postes. A ce jour, près de 57 500 personnes l’ont signée. 

Une réforme “importante et favorable” aux étudiants

Devant ce mécontentement, la Conférence des Doyens de médecine a décidé de rassurer par l’intermédiaire d’un communiqué. Tout d’abord sur les modalités d’affectation des spécialités médicales, affirmant que l’algorithme les planifiant « garantit le meilleur choix possible, en fonction des voeux exprimés par l’étudiant et de son classement aux épreuves passées. Tout laisse penser que le fonctionnement est satisfaisant comme il l’a été dans la semaine du 19 août pour 256 étudiants engagés dans un Contrat d’Exercice de Service Public (CESP) avec la totalité des étudiants affectés sur un poste d’interne dès le premier tour. »

7794 étudiants ont validé le concours de l'internat cette année. Crédit photo : CHU de Bordeaux

Sur le nombre de postes d’internes ouverts, la Conférence affirme qu’il est, globalement, « adapté au nombre de candidats. » Et de s’expliquer sur la répartition de l’ensemble des postes : « Les ministères en charge de l’enseignement supérieur et de la santé marquent toujours des choix de politique publique par un arbitrage sous forme d’un arrêté qui a été publié, cette année, au Journal Officiel le 7 juillet 2027. Certaines spécialités doivent, en effet, être particulièrement soutenues comme la psychiatrie, la pédiatrie et la chirurgie pédiatrique.  » 

Moins d’internes cette année, plus l’an prochain

Enfin, si le communiqué évoque les 800 étudiants ayant refusé de se présenter aux épreuves comme des candidats « pénalisés » « par choix personnel », ses rédacteurs, le Pr Benoît Veber, Président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, et le Pr Bruno Riou, vice-président, semblent sereins quant à l’idée que « cela n’affectera que très modestement le fonctionnement des hôpitaux et du système de santé dans son ensemble”, du fait de “promotions antérieures totalisant plus de 40 000 internes et une promotion ultérieure qui devrait dépasser les 10 500 étudiants affectés à la rentrée 2025. «  

Malgré une volonté de rassurer, pas certain que les hôpitaux ne ressentent pas les conséquences de cette situation, du moins pour les deux semestres prochains. Pour le CHU de Besançon par exemple, ce sont 40 internes de moins qui seront affectés dans ses services. Un “trou d’air” non négligeable qui va « générer des tensions », comme reconnaît le directeur de l’établissement au micro de France 3, Thierry Gamond-Rius qui, néanmoins, rejoint la Conférence des doyens sur un retour à la normale dès 2025. « Dans un an, on retrouvera ces 40 internes qui vont venir pour le coup en sureffectif […] On devrait revenir à une meilleure fortune. »

Cette prise de parole suffira-t-elle à calmer le jeu ? Concluant sur l’idée qu’une augmentation des postes d’internes serait la preuve d’une « inéquité » avec les promotions précédentes et suivantes, la Conférence des doyens invite les journalistes le 12 septembre dans les locaux de la faculté de santé de Sorbonne Université, afin d’aborder les sujets de rentrée. Nul doute que le concours de l’internat nouvelle version en fera partie. 

La rédaction 

Le classement des spécialités choisies en 2024

  • 1er Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique (rang moyen 469)
  • 2e Dermatologie et vénéréologie (rang moyen 753)
  • 3e Ophtalmologie (rang moyen 754)
  • 4e Chirurgie maxillo-faciale (rang moyen 1061)
  • 5e Médecine cardiovasculaire (rang moyen 1223)
  • 6e ORL, Chirurgie cervico-faciale, Chirurgie face et cou (rang moyen 1477)
  • 7e Anesthésie réanimation (rang moyen 1627)
  • 8e Radiodiagnostic et imagerie médicale  (rang moyen 1865)
  • 9e Médecine Nucléaire  (rang moyen 1922)
  • 10e Néphrologie (rang moyen 1941)
  • 11e Oncologie (rang moyen 1975)
  • 12e Maladies infectieuses et tropicales (rang moyen 2017)
  • 13e Chirurgie orthopédique et traumatologique (rang moyen 2099)
  • 14e Urologie (rang moyen 2246)
  • 15e Gastro-entérologie et hépatologie (rang moyen 2309)
  • 16e Neurologie (rang moyen 2337)
  • 17e Gynécologie médicale (rang moyen 2585)
  • 18e Gynécologie obstétrique  (rang moyen 2607)
  • 19e Chirurgie orale (rang moyen 2809)
  • 20e Rhumatologie (rang moyen 2850)
  • 21e Chirurgie pédiatrique  (rang moyen 3022)
  • 22e Pneumologie (rang moyen 3089)
  • 23e Médecine intensive-réanimation (rang moyen 3118)
  • 24e Chirurgie vasculaire (rang moyen 3275)
  • 25e Anatomie et Cytologie pathologique (rang moyen 3303)
  • 26e Neurochirurgie (rang moyen 3388)
  • 27e Chirurgie viscérale et digestive (rang moyen 3476)
  • 28e Chirurgie thoracique et cardiovasculaire (rang moyen 3604)
  • 29e Hématologie (rang moyen 3762)
  • 30e Médecine vasculaire (rang moyen 3782)
  • 31e Pédiatrie (rang moyen 3812)
  • 32e Médecine interne et immunologie clinique (rang moyen 3867)
  • 33e Endocrinologie-diabète-maladies métaboliques (rang moyen 4256)
  • 34e Médecine physique et de réadaptation (rang moyen 5184)
  • 35e Médecine légale et expertises médicales (rang moyen 5350)
  • 36e Médecine d’urgence (rang moyen 5364)
  • 37e Génétique médicale (rang moyen 5435)
  • 38e Allergologie (rang moyen 5658)
  • 39e Médecine générale (rang moyen 6367)
  • 40e Psychiatrie (rang moyen 6817)
  • 41e Biologie médicale (rang moyen 7059)
  • 42e Gériatrie (rang moyen 7282)
  • 43e Santé publique (rang moyen 7468)
  • 44e Médecine et santé au travail (rang moyen 8237) 

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