Michel Haïssaguerre, chef de service de cardiologie-électrophysiologie et stimulation cardiaque au CHU de Bordeaux vient d’être élu membre de l’Académie des Sciences*. Il sera reçu solennellement sous la coupole de l’Institut de France le 21 juin prochain tout comme Daniel Choquet, directeur de recherche au CNRS, directeur du nouvel Institut Interdisciplinaire de Neurosciences (unité mixte CNRS Université Bordeaux Segalen) également élu membre de l’Académie des Sciences. |
Reconnaissance des qualités scientifiques de cet éminent chercheur, cette élection témoigne également du fort potentiel de la recherche universitaire à Bordeaux, en particulier sur deux de ses domaines d’excellence que sont le pôle des neurosciences et le pôle cardio-thoracique.
Son parcours, ses recherches
Le Pr Michel Haïssaguerre est à l’origine de découvertes révolutionnaires dans le domaine des troubles du rythme cardiaque. Il dirige le service de cardiologie-électrophysiologie et stimulation cardiaque au CHU de Bordeaux. Ses travaux sur les fibrillations auriculaires et ventriculaires font référence. Il a reçu en 2010 le prix Louis Jeantet, une des distinctions parmi les plus prestigieuses en Europe.
Il travaille depuis plus de 15 ans sur les fibrillations, ces troubles électriques qui engendrent une dysharmonie du rythme cardiaque.
Le Pr Haïssaguerre a découvert que la source de la fibrillation auriculaire se situe non pas dans l’oreillette, où elle se manifeste, mais au niveau des veines pulmonaires. Des cellules électriques très facilement excitables y sont reliées à l’oreillette et peuvent générer plus de 400 impulsions par minute, chez les patients souffrant de fibrillation. Cet emballement des cellules auriculaires est responsable de la majorité des accidents vasculaires cérébraux emboliques.
Cette découverte a permis la mise au point d’un traitement définitif : l’exclusion des cellules responsables de ces désordres électriques en les neutralisant soit par le froid soit par le chaud. Une thérapie aujourd’hui mise en oeuvre dans le monde entier et dont plus de 200 000 personnes bénéficient chaque année.
Avec son équipe, Michel Haïssaguerre a maintenant orienté ses travaux sur les fibrillations ventriculaires (qui se produisent dans la partie basse du coeur), responsables des morts subites. Celles-ci affectent 350 000 personnes chaque année en Europe, soit autant que la mortalité cumulée des cancers les plus meurtriers (sein, poumon, colon). Les chercheurs ont étudié l’origine du trouble cardiaque chez des patients « ressuscités » d’un premier épisode de mort subite. Une cartographie des signaux intracardiaques parcourant le coeur a permis d’identifier que ces ?tornades électriques’ naissaient aussi de sources localisées, véritables étincelles générées dans le tissu de Purkinje, qui ne représentent qu’une fraction infime (2%) de la masse cardiaque. Les premiers essais d’ablation focale de ces sources chez 45 patients s’avèrent très prometteurs, sans aucune récidive, avec un recul atteignant 8 années. D’où un potentiel thérapeutique très prometteur par des médicaments ciblées.
Les projets du Professeur Michel Haïssaguerre
– Dès le début de l’année 2011, le Pr Michel Haïssaguerre dirigera une équipe INSERM d’électrophysiologie cardiaque qui rejoindra le centre de recherche cardio-thoracique de Bordeaux dirigé par le Pr Roger Marthan.
-Il est également porteur du projet d’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) dans le cadre des investissements d’avenir : il s’agit de la création de l’Institut de Rythmologie et Modélisation cardiaque (LYRIC), associant le CHU de Bordeaux et l’Université Bordeaux Segalen, avec le soutien de la région Aquitaine. L’objectif unique au monde de ce laboratoire, est de permettre la compréhension, le dépistage et la prévention des maladies du tissu électrique cardiaque.
*A propos de l’Académie des Sciences
L’Académie des sciences de l’Institut de France rassemble des savants français et s’associe des savants étrangers choisis les uns et les autres parmi les plus éminents. Elle se compose de Membres, d’Associés étrangers et de Correspondants, répartis en deux divisions :
Division 1 des sciences mathématiques et physiques, sciences de l’univers et leurs applications.
Division 2 des sciences chimiques, biologiques et médicales et leurs applications.