A l’heure du chassé-croisé sur les routes des mois de juillet et août, Rémy Heitz, délégué interministériel à la Sécurité routière a inauguré vendredi 29 juillet 2005 le nouveau simulateur de conduite de la clinique du Sommeil du CHU de Bordeaux, en présence de Chantal Lachenaye-Llanas, directeur général adjoint du CHU de Bordeaux, du Pr Bernard Bioulac (chef de service des explorations fonctionnelles du système nerveux (EFSN) et directeur de l’unité CNRS UMR 5543) et du docteur Pierre Philip, praticien hospitalier à la clinique du sommeil (EFSN) et membre de l’UMR CNRS 5543.
Le simulateur de conduite : un outil de recherche pour comprendre les liens entre somnolence et accidents de la route
La conduite automobile sûre repose sur des aptitudes physiques et cognitives intactes ce qui n’est malheureusement plus le cas de nombres de nos concitoyens souffrant de pathologies, de troubles du comportement (ex. privation de sommeil) ou simplement de l’effet de médicaments.
Si les expérimentations en conduite réelle depuis plusieurs années sont réalisables chez des sujets sains ou des malades atteints d’handicaps légers, nombre d’études ne pouvaient jusqu’à maintenant être réalisées par suite de trop grande dangerosité de la conduite réelle.
Grâce à un financement de la Région Aquitaine et en partenariat avec l’Institut national de Recherche sur les transports et la Sécurité (INRETS), le CHU de Bordeaux vient de se doter d’un véhicule de simulation (Renault Clio) qui possède toutes les fonctionnalités d’une voiture moderne mais qui reste statique devant un écran de projection Vidéo présentant en grande taille un tronçon d’autoroute.
Le simulateur entièrement programmable permet de configurer différents scénarii de conduite (pluie, brouillard, ville, campagne, etc…) et de tester en toute sécurité volontaires sains et malades.
« Nous menons actuellement en partenariat avec le service de rééducation fonctionnelle de notre CHU des recherches sur le handicap des traumatisés crâniens sur la conduite automobile. Nous allons aussi démarrer très prochainement une étude sur l’impact des médicaments anti- épileptiques sur la conduite automobile. » explique le Pr Bernard Bioulac. Cette démarche de recherche s’inscrit dans une politique locale au sein de l’institut fédératif des neurosciences de l’université de Bordeaux dont plusieurs équipes s’intéressent aux aspects de santé et conduite.
Au niveau national, le réseau RESAT (Réseau Sommeil Attention et Transport CNRS INRETS) co-animé par le Dr Philip (axe sommeil) et le Dr Chapon (axe attention) regroupe maintenant plus de 80 chercheurs (dont notre équipe) répartis sur tout le territoire français. Ce réseau bénéficie de financements spécifiques de la part du ministère des transports et de la recherche (budget PREDIT).
Il vise à améliorer la compréhension des liens entre somnolence, attention et accidents, de concevoir des simulateurs pour identifier les conducteurs à risque ou de tester des contre mesures thérapeutiques (ex. médicaments éveillants) sur des chauffeurs atteints de pathologies. L’objectif du réseau RESAT est de fédérer des équipes projets et de pouvoir obtenir des financements européens sur le thème de la santé et de la conduite.
« A terme nous désirons bâtir une plate-forme de recherche regroupant 4 chambres de sommeil, une unité de vie (contrôle lumière température, bruit) pour sujets sains et malades couplés à notre simulateur de conduite. Cette plate-forme unique en France et en Europe permettra de reproduire les schémas veille sommeil des chauffeurs professionnels et de tester l’impact sur la conduite en fonction de la prise médicamenteuse et/ou les pathologies » annonce le Pr Bernard Bioulac.
Le manque de sommeil menace la capacité de conduire des jeunes
Dans le cadre de sa visite, Rémy Heitz a rappelé les grandes règles de la sécurité routière. Il attirera en particulier l’attention des jeunes conducteurs sur la nécessité de se reposer et de ne pas surestimer leurs capacités de résistance à la somnolence.
« Quand des millions d’automobilistes se croisent sur la route des vacances et les sorties nocturnes attirent nombre d’estivants, il est essentiel de rappeler à quel point la fatigue et la somnolence au volant sont des facteurs importants d’accidents ».
Les pratiques à risque mises à l’index : 50 % des usagers réduisent leur temps de sommeil habituel au moment des départs en vacances, soit pour avancer l’heure du départ, soit pour préparer le chargement du véhicule. Pire, 12 % des automobilistes, notamment des jeunes conducteurs, dorment moins de cinq heures la veille d’un départ en vacances, ou prennent la route en soirée, sans avoir dormi, ni fait la sieste. Une étude montre que les 20-25 ans ont du mal à évaluer correctement l’impact de la fatigue sur leur capacité de réaction. Ils ont tendance à surestimer leur résistance au sommeil et leur capacité à conduire en état de fatigue tandis que les conducteurs plus âgés (52-63 ans) ont une perception plus objective de leur capacité.
Une astuce pour rester vigilant : la sieste dynamisante
Chez les conducteurs somnolents la sieste dynamisante permet au conducteur somnolent de dormir et de repartir en forme. Chez les individus qui ne présentent pas de contre-indications à la caféine, le principe est de prendre un ou deux cafés avant de faire une courte sieste. La caféine mettant 15 à 30 minutes avant d’agir, son absorption ne gêne pas l’endormissement et permet donc un réveil de sieste dépourvu d’inertie du sommeil.
Si l’état de santé du conducteur interdit la caféine, il suffit d’attendre 30 minutes avant de reprendre la route après la sieste.
Pour en savoir plus se reporter au dépliant « Savoir prendre la route reposé et garder la forme » édité par la Sécurité routière et consulter www.securiteroutiere.gouv.fr
Définitions
Un ensemble de signes précurseurs indique au conducteur qu’il est en train de perdre ses capacités d’attention et qu’il entre dans une phase d’hypovigilance. La lenteur de réaction, les difficultés à maintenir une vitesse constante, les erreurs de coordination ou l’inattention à la signalisation sont des éléments constitutifs d’une baisse de vigilance.
Les signes de fatigue : raideurs dans la nuque, douleurs dans le dos et certaine fixité du regard doivent alerter le conducteur.
Les signes de somnolence : bâillements, paupières lourdes, périodes d’absence ou désir de changer fréquemment de position révèlent les difficultés à se maintenir éveillé. En outre, la somnolence entraîne des périodes de « micro-sommeils » (de 1 à 4 secondes) pouvant être extrêmement dangereuses pour la sécurité de tous.