Dans un contexte de crise pour les hôpitaux qui s’est intensifié ces deux dernières années, les établissements de santé, notamment les CHU, doivent être remis à l’honneur. C’est en tout cas ce que plaident les présidents des 3 Conférences hospitalo-universitaires. Ils ont présenté huit propositions pour les candidats à la présidentielle lors d’une conférence de presse vendredi 28 janvier.
« La particularité des CHU a besoin d’être réaffirmée », a déclaré l’ancien président de la Conférence nationale des CME de CHU, François-René Pruvot, lors de la conférence de presse présentant les huit propositions en vue de l’élection présidentielle. Les présidents des trois conférences hospitalo-universitaires sont unanimes : l’État doit clarifier la place qu’il compte accorder aux CHU, les élections étant dans quelques mois seulement, ce sont les candidats à la plus haute fonction de l’Etat qui sont aujourd’hui interpelés.
Ces propositions représentent des enjeux majeurs là où les programmes des candidats à l’élection présidentielle ne s’emparent pas assez des spécificités de l’hôpital, acteur pourtant majeur dans le système de santé. L’approche du premier tour, qui aura lieu le 10 avril prochain, facilite donc cette ouverture au débat dans un contexte où le domaine de la santé est au centre des préoccupations.
8 propositions en faveur des CHU, clé de voûte du système de santé
1 – Favoriser l’éclosion de pépinières de l’innovation en santé
L’enjeu est de favoriser des instances communes entre les mondes industriel, académique et soignant qui, pour le moment, se côtoient seulement. Et ce, afin de développer des clusters hospitalo-universitaires au sein des CHU ainsi que des pôles innovants, tout en parvenant à attirer les entreprises. En somme, rendre l’innovation en santé plus efficace en regroupant et en associant beaucoup plus les disciplines industrielle, académique et celle des soignants. « Combiner pour nos CHU une recherche d’excellence et une recherche sur le territoire », affirme le Doyen de l’université de Paris Sud, Didier Samuel.
2 – Fluidifier les liens de la recherche entre CHU et dynamiser son financement
Il s’agit ici de favoriser le travail entre les CHU en réseau. Réseaux qui, selon Marie-Noëlle Gérain-Breuzard, Présidente de la Conférence des directeurs généraux de CHU, sont « une manne essentielle pour nos établissements ». Permettre à ces réseaux de porter le développement de l’intelligence artificielle, augmenter le nombre de recherches hospitalo-universitaires ou encore de doter les CHU de capacités d’investissement dans des start-up sont autant de pistes pour dynamiser leurs financements.
3 – Contribuer à la structuration d’un consortium des usages du numériques en santé à l’échelle européenne
Selon les 3 présidents de Conférence, cette proposition souligne le manque d’outils informatiques des CHU par à rapport à ce dont ils ont besoin. La création de ce consortium permettrait de réguler ces manques. Elle vise aussi à raccourcir les délais de conception et d’appropriation, favoriser les synergies entre CHU ou encore la création d’un nouveau modèle de financement.
4 – Un contrat social pour l’emploi et la fidélisation des professionnels de santé
Dans un contexte où le monde hospitalier est en manque d’effectif constant, les CHU doivent pouvoir s’adapter au marché du travail. « Il y a énormément d’enjeux sur lesquels nous devons rebondir et être présents pour être compétitifs », assure Didier Samuel.
L’idée est donc de rendre les métiers de la santé plus attractifs notamment pour les jeunes étudiants en santé. C’est ici qu’est abordée la notion de « contrat social » pour attirer et fidéliser les futurs soignants. Ce contrat implique une revalorisation de la rémunération, tout comme le fait de favoriser l’intéressement sur certaines priorités de recrutement, tel que le travail de nuit.
5 – Un pacte d’engagement écologique pour promouvoir l’innovation environnementale dans une approche globale One-Health
Les CHU, au vu de leur importance au sein de leur territoire, se doivent d’être les vecteurs d’une politique environnementale ambitieuse. Pour ce faire, est envisagée la labellisation d’unités ou d’établissements durables (comme la maternité de Clermont-Ferrand a pu le faire dernièrement), l’exonération de charge sociale en fonction de la qualité environnementale des projets ou encore l’élaboration d’un pacte entre l’État et les CHU-CHR.
6 – Une réforme du modèle de financement pour promouvoir la justice et libérer les énergies
Le but ici est de disposer à terme d’un modèle de financement plus juste et incitatif, en simplifiant les financements hospitaliers (suppression du ticket modérateur par exemple). Ou encore en révisant les modalités de financement de l’activité hospitalière dans les CHU par un financement adapté. Enfin, cela passe par le renforcement de la capacité d’investissement des CHU.
7 – Changer l’échelle de la coopération animée par les CHU
Les CHU sont les sièges de Groupes Hospitaliers de Territoires (GHT) dont le périmètre géographique ne correspond pas intégralement à leur territoire d’activité. Il faut que les CHU puissent investir un rôle pivot dans des coopérations d’une échelle supérieure, régionale ou encore internationale. Des GCS (groupement de coopération sanitaire) comme Nova ou HUGO ont démontré que les coopérations inter-CHU peuvent constituer un véritable levier dans la recherche, l’innovation et le développement des filières de soins d’excellence.
8 – Valoriser le rôle des CHU dans le rayonnement international de la France
Les projets internationaux de valorisation de l’expertise des CHU sont essentiels au « soft power » français et de ce fait, la coopération hospitalière internationale doit être davantage soutenue par les pouvoirs publics. Comment ? En associant les CHU à la définition de la politique de coopération sanitaire internationale menée par le France, en constituant une task force, en modifiant l’encadrement réglementaire des filiales ou bien en développant une véritable logique de « valorisation ».
Plus détails sur ces propositions, sur www.chu-2022.fr
La rédaction