On connaissait le réseau des CLIN (Centre de Lutte contre les Infections Nosocomiales) en charge de l’organisation, de la prévention et de la surveillance des infections nosocomiales. A leur actif : des travaux d’importance sur l’hygiène élémentaire (tenue, lavage des mains…) et des études transversales sur les patients. Depuis le 26 septembre 2008, ce dispositif est complété par huit Centres de référence des infections interrégionaux ostéoarticulaires dont celui de Toulouse qui rayonne sur l’Aquitaine et le Limousin. Après l’état des lieux et l’évaluation de la dangerosité, les instances organisent les soins et la transmission du savoir. Les infections traitées dans les nouveaux centres ne sont pas seulement nosocomiales. Elles apparaissent essentiellement après une implantation de prothèse (ou de matériel d’ostéosynthèse) ou après une fracture ouverte. Elles peuvent être également acquises dans le cadre de l’activité chirurgicale.
« Nosocomial ne signifie pas forcément fautif rectifie le professeur Jean Puget, à la tête du nouveau centre mais aussi Chef du service de chirurgie orthopédique et traumatologique de Rangueil et responsable de l’Institut de l’Appareil Locomoteur et président de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (SOFCOT). Lorsqu’une infection survient au-delà de 48 heures d’hospitalisation, elle s’appelle nosocomiale. Mais cela ne préjuge en rien de son origine qui peut être exogène ou endogène. Il faut faire la part des choses, et ce n’est pas toujours facile.»
La mise en place du Centre de référence répond en premier lieu à un enjeu économique.
Il s’agit de déterminer et de rationaliser les traitements souvent longs et coûteux : recours à des produits supplémentaires, essentiellement des antibiotiques, phases de réanimation… Pour adapter au mieux le traitement, le diagnostic et la démarche thérapeutique sont élaborés de manière multidisciplinaire
Dans le cas d’une prothèse de hanche, par exemple, on recherche la ou les bactéries en cause. L’examen est pratiqué par des biologistes, spécialistes des maladies infectieuses. Cela permet ensuite d’adapter le traitement, sa durée, puis de bien déterminer le moment d’accomplir l’acte chirurgical. Parfois, d’autres spécialistes doivent intervenir à partir d’un point de départ peu évident qui ne se concrétise que par un peu de fièvre ou une faible douleur. On fait alors appel aux rhumatologues, aux radiologues, aux scintigraphistes. Après un échange entre experts dans une unité de consultation transversale, les médecins décident du traitement à administrer.
De telles approches ont montré leur efficacité. Il s’agit maintenant de les exporter au-delà des CHU, au sein des centres hospitaliers plus petits et des cliniques privées si elles le souhaitent. Un transfert de compétences pour lequel le Centre de référence des infections ostéoarticulaires reçoit un soutien budgétaire.
Le centre de référence connaît une augmentation d’activité avec l’accueil des malades venant d’établissements extérieurs. Heureusement, cette vocation de recours et la nouvelle labellisation ont des conséquences positives au niveau des moyens alloués.