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Première greffe partielle de visage : la patiente prend la parole

Le public connaît désormais le visage de la première femme ayant bénéficié d'une greffe lèvres-nez-menton. Une conférence de presse organisée le 6 février a donné une voix et un visage à cette mère de deux enfants, âgée de 38 ans qui fut gravement mutilée par son chien en mai 2005.

Le public connaît désormais le visage de la première femme ayant bénéficié d’une greffe lèvres-nez-menton. Une conférence de presse organisée le 6 février a donné une voix et un visage à cette mère de deux enfants, âgée de 38 ans qui fut gravement mutilée par son chien en mai 2005.

Cette morsure a entraîné la perte complète des lèvres, du menton et de la pointe du nez avec des conséquences fonctionnelles importantes. Très motivée et déterminée, la patiente a accepté la stratégie thérapeutique (déroulement de l’intervention, des suites opératoires et du traitement anti-rejet) et compris les risques inhérents à l’acte chirurgical et au traitement immunosuppresseur. Totalement impliquée dans les soins, tant somatiques que psychologiques, elle a pu, au fil des mois, se faire à l’idée d’un recours au transplant. Ce cheminement, effectué au sein d’une équipe multidisciplinaire, n’a jamais remis en cause sa conviction. Elle a accepté d’être traitée et suivie par les deux équipes d’Amiens et de Lyon pendant plusieurs années, tant sur le plan médical que psychologique.

Cette conférence de presse organisée par le CHU d’Amiens, en présences des équipes médicales d’Amiens et de Lyon, permet de dresser un bilan de santé satisfaisant plus de deux mois après l’intervention *. Surtout, elle mettra peut-être fin au harcèlement médiatique que subissent la patiente et sa famille.

Voici l’intégralité de son discours

Bonjour à tous,
Je ne me suis jamais exprimée en public et cela me parait très difficile. Mais j’ai besoin de dire certaines choses.

Tout d’abord, je remercie toute l’équipe médicale et tout le personnel de l’hôpital d’Amiens qui se sont occupés de moi depuis le début. Comme vous le savez, au mois de juin, quand je suis arrivée à l’hôpital, j’étais défigurée.

En effet le 27 mai, après une semaine très perturbante, avec beaucoup de soucis personnels, j’ai pris des médicaments pour oublier… Ensuite J’ai fait un malaise et je suis tombée par terre contre un meuble. Quand je me suis réveillée, j’ai essayé d’allumer une cigarette et je ne comprenais pas pourquoi elle ne tenait pas entre mes lèvres… c’est là que j’ai vu la mare de sang et le chien à coté !
Je suis allée me voir dans la glace, et là, je ne pouvais croire à ce que je voyais, c’était trop horrible…

Depuis ce jour là, ma vie a changé …
A l’hôpital, pendant un mois et demi, je ne suis pas sortie de ma chambre, j’avais peur du regard des autres. Je ne pouvais plus manger normalement, je devais manger mouliné car je ne pouvais plus ouvrir la bouche que de 3 millimètres.
A force d’exercices, de kiné et de séances d’endermologie, je suis arrivée à une ouverture de 1,9 centimètre juste avant l’opération.

Petit à petit, les infirmières et les médecins m’ont expliqué leur projet de greffe et m’ont redonné confiance en moi ; j’ai même réussi à rentrer chez moi. Finalement le plus pénible était d’attendre sans connaître le jour de l’opération.

Car tous les jours, je devais affronter le regard des gens et leurs réflexions, tout çà parce que je portais un masque

Je comprends à présent toutes les personnes qui ont un handicap quel qu’il soit. J’espère aussi que mon opération pourra aider certaines personnes, blessées comme moi, à revivre.

Depuis le jour de l’opération, j’ai un visage, comme tout le monde…

Maintenant, je peux ouvrir la bouche et manger, depuis peu je sens mes lèvres, mon nez et ma bouche. Bien sûr, je dois continuer à faire beaucoup de kiné et de travail personnel pour réactiver tous les muscles, et surtout continuer de prendre le traitement immunosuppresseur.

Cela a été très difficile de partir à Lyon trois jours après l’opération, mais tout s’est très bien passé. J’ai été très bien accueillie, très bien suivie .C’était parfois long mais je n’ai finalement jamais souffert. Je remercie aussi toute l’équipe de Lyon.

Dès ma sortie, je compte reprendre ma vie de famille et par la suite une activité professionnelle. En fait, je veux reprendre une vie normale.

Je voulais aussi dire que rien n’aurait été possible si il n’y avait pas eu le don. Je tiens vraiment à rendre hommage à cette famille et m’excuser du harcèlement qu’elle a subi suite à cette première.
Malgré son malheur, son deuil, elle a accepté de donner une deuxième vie à des personnes en détresse.
Grâce à elle, une porte sur l’avenir s’ouvre à moi et à d’autres

Merci à tous

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