Mise en cause dans le dossier du Point* consacré aux risques infectieux, l’AP-HM, en la personne du Pr. La Scola, Président du Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales, explique dans un communiqué pourquoi l’établissement ne participe pas aux enquêtes de surveillance des infections du site opératoire coordonnées par le comité régional (C-CLIN). Il ne s’agit en aucun cas de négligence mais d’une décision mûrement réfléchie : « Nous avons fait le choix de surveiller non pas quelques services 4 mois par an mais tous les services de l’AP-HM toute l’année et pour toutes les infections nosocomiales -pas que les infections des sites opératoires… » déclare le Pr Scola. Avec son équipe, il a instauré des outils de surveillance continue de l’hygiène, dispositif qui anticipe le tableau de bord de suivi des infections nosocomiales souhaité par le Ministre de la Santé.
Extrait du communiqué de presse adressé par l’AP-HM le 15 avril 2005
(…) il faut savoir que les enquêtes des infections de site opératoire du C-CLIN sont très lourdes à mettre en oeuvre. Si lourdes qu’elles ne sont réalisées que par périodes de 4 mois (c’est-à-dire qu’on ne surveille ces infections que 4 mois par an) et la plupart du temps que sur certains services de chirurgie ciblés. Nous avons fait le choix de ne pas participer à ces enquêtes car nous avons fait le choix de surveiller non pas quelques services 4 mois par an mais tous les services de l’AP-HM toute l’année et pour toutes les infections nosocomiales (pas que les infections des sites opératoires). Ainsi il est faux de dire que nous ne surveillons pas les infections nosocomiales, au contraire nous les surveillons plus que les autres établissements. Bien évidemment, les informations que nous intégrons à cette surveillance sont moins détaillées que ce qui est proposé par le C-CLIN puisque si nous voulions appliquer cette surveillance à l’ensemble des services toute l’année et sur toutes les infections il faudrait probablement quadrupler la taille des équipes du CLIN. Par ailleurs, l’intérêt majeur des études de type C-CLIN sont de pouvoir comparer les hôpitaux entre eux. Mais en pratique, notre objectif est de repérer les services à problème pour mener des actions de prévention au plan local. Ainsi nous ne sommes pas intéressés par les résultats des autres hôpitaux comme Lyon. Ce qui nous intéresse c’est notre établissement. Ce qui peux nous intéresser, ce sont les données épidémiologique de notre bassin de population : ces données nous les avons par l’intermédiaire du réseau Noso 13 coordonné par l’AP-HM.
Par ailleurs, nous avons mis en place pour la surveillance des infections nosocomiales une système informatique unique en France qui envoie automatiquement à tous les chefs de service de l’AP-HM (pas que la chirurgie et toute l’année pour toutes les infections nosocomiales) de façon mensuelle, un relevé des infections constatées dans leur services avec une courbe d’évolution sur l’année, un état de la sensibilité des bactéries isolées dans leur service ainsi que leur consommations en solutions hydro-alcooliques. Ce système que nous avons appelé DIFFUSIN est en avance par rapport à ce qui se fait dans les autres hôpitaux. Ce projet que j’avais écrit pour le dernier projet d’établissement a été proposé presque 1 an avant qu’il ne soit proposé par notre Ministre dans son projet de tableau de bord du suivi des infections nosocomiales. La prochaine version de ce logiciel intègrera aussi les consommations d’antibiotiques. Ainsi dire que l’AP-HM ne surveille pas les infections nosocomiales est de la désinformation. Pour preuve, cet aspect de surveillance a été évalué comme point fort de l’établissement par les experts lors de l’accréditation de l’hôpital de la Conception, experts dont la pertinence des analyses est bien évidemment supérieure à celles des journalistes du point.
Pour finir, le CLIN AP-HM n’est pas opposé à la participation aux enquêtes C-CLIN. Par exemple, le C-CLIN coordonne une enquête sur l’état de bactéries multirésistantes aux antibiotiques appelée BMR. Etant donné que les données que nous collectons dans ce cas là sont les mêmes que celles demandées par le C-CLIN nous y participons… avec encore une fois la petite différence qui est que le C-CLIN propose cette surveillance sur seulement 3 mois par an alors que chez nous elle est faite tout au long de l’année.
Risques d’infections : Hôpitaux la liste noire
Le 14 avril 2005, le Point publiait une liste noire des hôpitaux publics négligeant les risques infectieux en chirurgie. De cette enquête il ressort qu’un quart des établissements ne surveille pas les infections du site opératoire, que toutes les équipes n’appliquent pas les règles d’asepsie comme le lavage des mains avec des solutions hydro-alcooliques… Et si vraisemblablement certaines institutions comme l’AP-HM sont injustement mises en cause, il n’en demeure pas moins que le manque de transparence autour de ces données et la réaction de repli conforte la suspicion. Ce dossier relaie « à sa manière » l’exigence de sécurité revendiquée par la société civile. Exigence ayant pour origine les drames humains vécus par les patients infectés lors d’une intervention chirurgicale.