Anorexie, boulimie, hyperphagie, orthorexie (obsession pour la qualité de l’alimentation) ou encore néophobie alimentaire (refus de goûter certains aliments). Les troubles du comportements alimentaires sont de plus en plus fréquents chez les adolescents. Pour bon nombre d’entre eux, leur pathologie prend sa source dans la quête de « l’idéal minceur », fortement relayé dans les univers de la mode et de la publicité. Les troubles du comportement alimentaire touchent donc de plus en plus de personnes, et de plus en plus tôt. Le Centre Hospitalier Universitaire Grenoble Alpes dispose d’un centre référent.
Une journée porte ouverte s’est récemment tenue à Grenoble avec un objectif double : présenter l’équipe pluridisciplinaire et parler de ces problèmes parfois tabous, souvent déstabilisants pour l’environnement familial et social.
« Nous observons des formes de plus en plus précoces dès l’âge de 8 ans. Pour ce public, on parle davantage de troubles de l’oralité car il n’y a pas chez ces patient une recherche de minceur » observe le docteur Claire Buis, psychiatre responsable du Centre référent des Troubles du Comportement Alimentaires (TC3A) au CHU Grenoble Alpes. « Dans les faits, les publics les plus touchés sont âgés entre 13 et 18 ans », précise la psychiatre.
Créé en janvier 2016, le Centre des Troubles du Comportement du CHUGA est le lieu de référence pour les département de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie. Son équipe est composé de différents professionnels (psychiatres, psychologues, diététiciens, nutritionnistes) qui oeuvrent au quotidien pour mener à bien une mission de santé publique en partenariat avec d’autres professionnels hospitaliers, la médecine de ville mais aussi d’autres partenaires, notamment associatifs. Tous étaient récemment réunis dans les locaux du TC3A à l’occasion d’une journée porte ouverte qui a attiré un grand nombre de familles. « Aujourd’hui, notre objectif est tant de mieux faire connaître l’activité de notre centre que de parler de ces troubles du comportements alimentaires qui touchent nos jeunes et dont certains souffrent en silence. Je pense notamment aux patients boulimiques ayant un poids normal dont les proches n’ont pas conscience de leur problème et qui, de fait, se retrouvent fortement démunis et bien souvent seuls. Nous voulons donc informer les adolescents, leur famille mais aussi les médecins généralistes que notre centre permet de réaliser un bilan complet somatique et psychiatrique pour affirmer ou infirmer le diagnostic de troubles du comportement alimentaire, évaluer la gravité des troubles et spécifier d’éventuelles comorbidités».
Ce bilan inclut une évaluation médicale, des examens biologiques, psychologiques incluant des échelles et questionnaires standardisés validés et d’autres évaluations, si nécessaire. Ces évaluations permettent de réaliser un « état des lieux » complet de la maladie, et de suivre son évolution. « Il s’agit d’un regard complémentaire à l’évaluation clinique habituelle, sur l’évolution de la maladie et ses traitements. Ce bilan permet de bénéficier de recommandations thérapeutiques personnalisées (Projet Personnalisé de Soins) » conclut Claire Buis.
Depuis son ouverture, le centre des troubles du comportement alimentaire accueille en moyenne 300 personnes par an.