Maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde se caractérise par une douleur et une inflammation des articulations. Récemment, les inhibiteurs de JAK, baricitinib et tofacitinib, deux médicaments homologués en Europe en 2017 pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ont été commercialisés sur le territoire français, respectivement sous les noms de OLUMIANT et XELJANZ. Tous deux bloquent certaines enzymes situées au sein des cellules responsables de la pathologie et empêchent la production des substances inflammatoires responsables de la destruction des articulations. Or les rhumatologues du CHU de Besançon ont constaté qu’un patient, traité par inhibiteur de JAK, subissait une perte de vision évoluant vers une ulcération de la cornée, avec une amélioration de la vision après arrêt définitif du traitement.
Les rhumatologues bizontins ont alerté le centre régional de pharmacovigilance de Franche-Comté qui a alors recensé jusqu’en mai 2018, l’ensemble des troubles oculaires survenus chez des patients avec un traitement par inhibiteurs de JAK enregistrés dans la base européenne de pharmacovigilance, Eudravigilance. Au total, 41 cas de troubles oculaires non envisagés dans les effets indésirables ont été observés. Ces problèmes sont apparus chez des patients de 60 ans et en moyenne après un peu plus d’un an de traitement.
Divers symptômes extra-articulaires sont observés chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde parmi lesquels, des troubles de la vue (sécheresse oculaire, sclérite, uvéite). Pour autant, les rhumatologues devront garder en mémoire ce lien potentiel entre inhibiteurs de JAK et troubles oculaires même si les cas observés sont peu nombreux.
Pourquoi déclarer les effets indésirables non listés sur la notice des médicaments ?
Une fois sur le marché, le médicament sera employé chez une multitude de patients aux caractéristiques différentes (état pathologique, prise d’autres médicaments, âge, etc.). Des effets indésirables non mis en évidence lors des essais cliniques, peuvent survenir à tout instant. Les notifications spontanées d’effets indésirables médicamenteux sont indispensables pour identifier de nouveaux risques et prendre rapidement les mesures nécessaires pour assurer la sécurité d’emploi des médicaments après leur mise sur le marché.
Les notifications d’effets indésirables médicamenteux doivent être déclarées aux centres régionaux de pharmacovigilance qui les analysent et les enregistrent dans la base nationale de pharmacovigilance pour une transmission à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et à l’European Medicine Agency.
Le signalement répété de cas similaires génère une alerte qui déclenche une enquête dont l’objectif est d’évaluer le problème et de préconiser les mesures préventives. Dans la présente étude, les cas ont été principalement rapportés par des médecins (51%), les usagers viennent en seconde position (39 %) et enfin les autres professionnels de santé 10%.
Bon à savoir
Patients et professionnels de santé des départements 25, 39, 70 et 90 peuvent déclarer les effets indésirables liés aux médicaments à l’adresse suivante http://www.pharmacovigilance-fcomte.fr/1/accueil.html